Pourquoi la consommation des 5 fruits et légumes par jour ne décolle pas

Sénateurs, sociologues, ingénieurs et associations étaient présents à la rencontre de l'Aprifel 2017 pour parler des enjeux environnementaux, économiques et de santé publique sur la consommation des fruits et légumes en France. Crédit photo : dr
Politiques, sociologues, ingénieurs et associations se sont réunis, jeudi 30 novembre, pour la rencontre de l'Aprifel 2017. Leur objectif, comprendre pourquoi la consommation des fruits et légumes ne décolle pas et faire un point sur les enjeux environnementaux, économiques et de santé publique en France. Le pourcentage des adultes et des enfants qui consomment 5 fruits et légumes par jour continue de baisser. Pourtant des politiques de communication sont mises en place.

Elisabeth Doineau, sénatrice de la Mayenne, rappelle que la France est dans le bas du tableau européen en termes de consommation. «Des efforts sont faits dans les établissements scolaires pour organiser les réseaux d'achat et pour acheter des fruits et légumes locaux en agriculture raisonnée. La campagne Un fruit pour la récré a permis d'augmenter le niveau de connaissance des jeunes enfants sur les fruits et légumes, mais cela n’a pas entraîné de hausse de la consommation.»

Les limites de la communication

Pour Martine Padilla, experte en économie alimentaire, «les fruits et légumes sont les laissés-pour-compte des politiques publiques et la composante éducative des parents est insuffisante. Les obstacles pour les fruits restent le prix et pour les légumes c'est le manque d'appétence, il y a un effet de non-désirabilité sociale. En plus pour les enfants il y a un phénomène de confusion notamment à cause des produits industriels comme les sodas.»

Ambroise Martin, président du groupe de travail Politique Nutritionnelle rappelle que «l'analyse bénéfice-risque n'a pas d'existence légale dans le domaine alimentaire. Pourtant le bénéfice est clairement démontré pour la consommation des fruits et légumes en termes de baisse des maladies cardio-vasculaire et des cancers».

Le travail permanent des chercheurs

Aujourd'hui on demande aux producteurs de rassurer le consommateur sur la qualité de leur production et de diminuer leur utilisation de produits phytosanitaires. Mais il faut aussi garantir la pérennité de la production, un défi qui prend du temps et qui a un coût.
Pour François Villeneuve, ingénieur au sein du Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes (Ctifl), la filière est engagée dans cette transition mais il faut encore du temps pour la recherche. «Le combat commence avec des semences saines et disponibles. Sur la question des solutions de biocontrôle, leur coût est élevé, on ne connait pas leur impact environnemental, et leur efficacité reste variable et restreinte à un parasite. Il ne faut pas oublier que ces solutions utilisent aussi des produits chimiques. Prenons l’exemple de la carotte qui se cultive presque toute l’année. Il existe 30 maladies parasitaires par culture avec des pressions différentes selon la saison. Arriver à mettre en mécanique ses techniques prend du temps et il y a la question des agresseurs étrangers qui remettent en cause les techniques, c’est un travail permanent.»

Les efforts des producteurs de la filière

La matinée s’est conclue avec les propos de Daniel Sauvaitre, président de l’ANPP. «Depuis 2009, le mouvement s’est accéléré avec la création du label Vergers Ecoresponsables. Il a fallu du temps aux arboriculteurs pour réapprendre, comprendre et redevenir agronome. Encore une fois cela prend du temps. La création du GIS fruits, organisme qui vise à contribuer à une innovation orientée développement durable, a permis de faire des progrès en créant des échanges permanents entre chercheurs et producteurs. En 2017, une réorganisation du plan de contrôle de la charte s’est effectuée avec des indicateurs pertinents.»

Daniel Sauvaitre insiste sur le fait qu’aujourd’hui les techniques de support à la biodiversité sont appliquées dans la majorité des vergers. «Les techniques de confusion sexuelle sont appliquées dans 86% des vergers écoresponsables et le développement de supports à la biodiversité comme les hôtels à insectes ou nichoirs sont mis en place par les producteurs. 88% des vergers sont pollinisés grâce à la collaboration avec les apiculteurs et l’acquisition de pulvérisateurs homologués prend de l’ampleur». Daniel Sauvaitre est fier de ce qui a été accompli mais il rappelle que la filière ne s’interdit pas la chimie, «on peut faire coexister les techniques».

Un point noir a été soulevé en fin de matinée par les membres de l’ANPP. La DGCCRF interdit aux associations de fruits et légumes de communiquer sur les bienfaits des fruits et légumes. Un encart sur le site de l'ANPP a dû être retiré, et les membres de l’association ne comprennent pas cette aberration.
 

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