La filière fruits et légumes frais veut pousser son avantage

raw fruit and vegetable

Face à l'inflation, les ménages ont réduit de 3 % leurs volumes d'achats de fruits et légumes en 2023 par rapport à 2022. Les producteurs ont cependant réussi à engranger de la valeur.

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Si le bilan 2023 est mitigé, avec un recul limité des achats en volume, l'interprofession compte sur le plan de souveraineté, annoncé l'an dernier, pour approcher, à horizon 2035, les 60 % de taux d'approvisionnement national.

La crise que traverse actuellement le monde agricole n'épargne pas la filière fruits et légumes frais. Recul de la consommation, en particulier bio, manque d'alternatives face aux interdictions de certains produits phytosanitaires, incertitudes réglementaires sur la question des emballages plastiques...

Le bilan qu'a dressé Interfel lors d'une conférence de presse, le 23 janvier, est mitigé. Mais Laurent Grandin, son président pour cette année encore, est déterminé à agir.

Certes, face à l'inflation, les ménages ont réduit de 3 % leurs volumes d'achats de fruits et légumes en 2023 par rapport à 2022. Mais du fait de l'augmentation du prix moyen (+ 5 %) des achats, les producteurs ont réussi à engranger de la valeur.

Et si le bio a particulièrement souffert, avec une baisse de l'ordre de 20 % sur deux ans, « c'est, au-delà de l'inflation, en raison de la perception de la valeur du bio dans le public : elle n'est pas assez forte », explique Laurent Grandin. Charge donc à cette filière de communiquer davantage sur cet aspect.

Surfer sur les nouvelles habitudes

Autre piste d'action, qui concerne de façon plus générale les habitudes des consommateurs, en pleine évolution. « Il y a moins de déjeuners au bureau mais plus d'afterworks, relève ainsi le président de l'interprofession, et davantage d'apéritifs. Nous allons donc chercher à mettre des fruits et des légumes à ces occasions. »

En outre, avec l'Agence pour la recherche et l'information en fruits et légumes (Aprifel), la filière sensibilise un large éventail d'acteurs, des médecins aux fédérations sportives, pour ancrer l'habitude de davantage de fruits et légumes dans le régime alimentaire de tous.

Enfin, Interfel parie aussi sur une dynamisation de la consommation de ses produits grâce au programme Fruits et légumes à l'école et Lait et produits laitiers à l'école financé par l'Union européenne.

La moitié des fruits et légumes sont importés

Mais c'est surtout sur le plan de souveraineté, annoncé l'an dernier au Salon de l'agriculture par Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, que misent les producteurs.

>>> Lire aussi : Marc Fesneau reste ministre de l'Agriculture

Alors qu'aujourd'hui, sur la totalité des fruits et légumes consommés en France, 50 % sont importés, l'ambition de ce programme est de faire en sorte qu'à horizon 2035, 60 % de la consommation française soit made in France, avec une étape à 55 % en 2030.

Des appels à projets pour 200 millions d'euros

Pour ce faire, l'objectif était de mobiliser, dès 2023, un total de 200 millions d'euros en faveur de la filière fruits et légumes, grâce à des appels à projets, notamment sur l'innovation. « L'ouverture des guichets n'a eu lieu qu'en décembre 2023, relate Laurent Grandin, mais le programme est déjà lancé pour 100 millions d'euros. »

Ainsi, il s'agit, grâce à la recherche appliquée, de lutter contre Drosophila suzukii, cette mouche d'origine asiatique qui fait des ravages dans la cerise, notamment, et de travailler sur la gestion des adventices, mais aussi de plancher sur de l'agroéquipement ou des plants.

Le tout pour renforcer la compétitivité de la filière française et, bien sûr, la souveraineté alimentaire du pays.

La recherche, un grand chantier

Il reste certes beaucoup à faire – sur la robotisation pour pallier le manque de main-d'œuvre, le renouvellement des générations dans la profession, la gestion de l'eau, la mise en place d'alternatives aux produits phytosanitaires désormais interdits... Sur ce dernier point, Laurent Grandin se veut, là aussi, optimiste.

Certes, ces avancées scientifiques ne se feront pas en un jour, mais « le fait que l'actuel ministre de l'Agriculture se soit engagé, pour la première fois, à dire stop à de nouvelles interdictions de produits phytosanitaires sans avoir au préalable d'alternatives viables pour les producteurs est une avancée. Il s'agit d'engager une réflexion au niveau européen sur ce thème. À vouloir être trop bonne élève, la France a perdu du terrain face à la concurrence », assure-t-il.

>>> Lire aussi : Les syndicats dressent le bilan au Sival

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