Résistance au gel : où en est la sélection variétale ?

Les variétés de pomme à floraison tardive permettent statistiquement de diminuer le risque de gel.

Crédit photo O.Lévêque/Pixel6TM
Axe complexe à travailler face à l’enjeu gel, la sélection variétale reste une piste d’intérêt pour les producteurs à moyen-long terme. En arboriculture, les variétés avec des floraisons précoces semblent ainsi délaissées dans les secteurs à risque.

« La sélection variétale prend en compte depuis plusieurs années la sensibilité au gel tardif en pêche comme en abricots, en particulier avec le travail sur les périodes de débourrement et floraison », indique Muriel Millan, responsable technique à l’AOPn Abricots et pêches de France. Les différences de sensibilités au gel sont beaucoup plus liées aux stades présents lors de la gelée qu’à la variété elle-même, poursuit-elle. « On peut cependant observe que les pêchers grâce aux petits poils sur les fruits ont une meilleure résistance au gel que les nectarines. Des variétés semblent aussi mieux se comporter que d’autres face au gel, pour un même stade. Mais cela reste de l’observation empirique avec une variabilité faible. » 

Face aux gels tardifs, les producteurs de fruits à noyaux optent donc de plus en plus pour des variétés moins précoces dans les secteurs à risque. L’abricot fait partie avec l’amandier des espèces qui fleurissent le plus tôt en saison, et reste particulièrement sensible aux gels printaniers. « Le but est de trouver des variétés qui fleurissent plus tard et puissent arriver à maturité plus tôt. » La sélection peut aussi se faire sur un nombre de fleurs accru pour les variétés autofertiles, afin d’assurer un minimum de fruits même après un épisode de gel.

En pommes, le sélectionneur IFO (Dalival) travaille aussi sur la précocité. « Les dégâts dus aux gels printaniers sur pommiers sont principalement liés au stade de floraison des variétés au moment du gel. Ainsi, une variété à floraison tardive permettra statistiquement de diminuer le risque de gel. Nous avons observé qu'au sein de notre collection variétale, il peut y avoir jusqu’à un mois d’écart entre les variétés à floraison les plus précoces et celles à floraisons tardives. C'est donc sur ce levier que nous travaillons dans le programme de création variétale d'IFO, pour orienter la sélection vers des variétés à floraison plus tardives qui auront ainsi une plus forte probabilité d'éviter le gel », souligne le sélectionneur.

Faible importance du porte-greffe face au gel

En cerise aussi, le travail de sélection tente d’apporter des réponses face au gel. « Après ces dernières années, l’adaptation aux gelées printanières intéresse fortement les producteurs de cerises, qui cherchent des solutions », indique Aliénor Royer, ingénieure de recherche en charge des programmes cerises au domaine de La Tapy. Les équipements de lutte contre le froid arrivent en tête des options travaillées, notamment les chaufferettes et les filets anti-drosophiles qui permettent de gagner le degré parfois suffisant pour éviter la catastrophe. Ils sont d’ailleurs étudiés sur le site Ctifl de Balandran.

Aspersion sur frondaison en cerise pour éviter les dégâts de gel.
Crédit photo : Alinor Royer

Le suivi variétal est aussi une piste d’intérêt, bien qu’ayant des limites. « La comparaison des porte-greffes est très compliquée et ne semble pas être une piste d’intérêt, car selon les variétés greffées, la floraison n’intervient pas au même moment, d’où la difficulté d’avoir une vision correcte de l’impact du porte-greffe sur la résistance au gel en verger expérimental, poursuit la responsable. Sur les variétés en revanche, la sensibilité au gel fait partie des critères de notation. Elle est très dépendante du créneau de floraison. Les variétés plus précoces, comme les Burlat ou Nimba, ont plus de risque de geler, et peuvent être délaissées par les producteurs dans les secteurs sensibles au gel. Mais les variétés les plus précoces à fruits ne sont pas forcément les plus précoces à fleurs, et la durée de floraison est aussi à prendre en compte pour établir la sensibilité au gel. »

Cette fleur de cerisier, avec le pistil marron, a été touchée par le gel.
Crédit photo : Alienor Royer

Besoins en froid

Des variétés fortement sensibles au gel, entraînant des impacts sur la qualité et la quantité de production, seront alors données comme « non prometteuses » par la station. « Mais plus que la sensibilité au gel, les producteurs regardent surtout les besoins en froid des différentes variétés. Avec des hivers plus doux, les variétés ayant de fort besoin en froid, comme Summit, alternent fortement. Les producteurs vont alors préférer des variétés aux besoins en froid moindre », termine Aliénor Royer.

Si le besoin en froid est une problématique importante en abricot pour obtenir une capacité à produire suffisante et une bonne qualité de fruit dans un contexte de radoucissement des hivers, la pêche, dont la sélection est issue davantage de souches espagnoles, n’impose pas ce travail. « Le changement variétal se fait toujours lentement, sur une dizaine d’années au mieux, souligne Muriel Millan. Pour l’heure, les bassins historiques continuent de planter, bien qu’on observe un recul des plantations en vallée du Rhône. Le changement climatique devrait ouvrir de nouveaux territoires pour les fruits à noyaux, mais à une échelle plus longue. »

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