Reitzel, le retour du cornichon français

Photo : ADELART/Adobe Stock

En 2016, la société suisse Reitzel décide de relancer sa production de cornichons en France. Un intérêt économique évident puisque le pays reste l’un des principaux marchés pour ce produit souvent oublié des maraîchers, et aujourd’hui fortement importé depuis l’Inde, l’Iran ou le nord de l'Europe. Sept ans après, le pari est gagnant, et l’entreprise évoque une récolte à près de 900 t cette saison. 26 agriculteurs sont déjà au cœur du projet, bien décidés à poursuivre cette progression.

En l’an 2000, Reitzel rachète l’entreprise française Guy Briand et s’installe ainsi sur le sol national. Mais la production de cornichons est en chute libre depuis déjà quelques années. Le groupe entame donc une diversification de son offre, se tournant vers d’autres produits et d’autres condiments.

Chronique d’une délocalisation regrettée

A contrario, à l’international, le développement de cette culture est en plein essor, notamment en Inde. Le groupe suisse crée alors en 2004 sa filiale dédiée, sur le sol du géant asiatique. Pendant ce temps, en France, ne subsistent que 9 producteurs de la petite cucurbitacée, qui revendent tous au conditionneur Amora.

Mais le contexte est difficile pour ces exploitants qui doivent peu à peu abandonner cette spécialisation afin de conserver leurs revenus. La décennie 2010-2019 voit le cornichon indien affoler les compteurs. La production française ne peut suivre les coûts du concurrent asiatique.

Pourtant, le vent tourne… l’Inde commence à subir un ralentissement économique qui inquiète. La demande extérieure faiblit et le pays connaît des difficultés importantes avec son système financier.

Les conditions d’un retour étaient réunies

En 2016, Reitzel relance officiellement la culture dans nos frontières. Car la consommation du cornichon ne diminue pas en France. Davantage de voix s’élèvent contre la mondialisation des circuits de production, et le sujet des relocalisations industrielle et agricole commence à être médiatisé lors de la campagne des Présidentielles.

Reitzel passe à l’action avec deux producteurs affiliés… Pour l’entreprise, il y avait tout simplement une volonté de combler un manque et ranimer la filière au nom du développement durable, dans la logique du « produire local ».

Des chiffres encourageants

Depuis les 54 t récoltées en 2016, la progression se confirme saison après saison. Il ne faut pas oublier que Reitzel repartait de zéro. Néanmoins, les efforts sont faits pour que la filière se développe sûrement.

• La superficie cultivée est passée de 3 ha en 2016 à 47 ha en 2023.

• La récolte a évolué de 54 t à 899 t sur cette même période.

• La production, elle, est passée de 112 000 bocaux à 1,867 million en 2022.

Léopoldine Mathieu, responsable filières et développement durable chez Reitzel, félicite le travail accompli par l’ensemble des acteurs :

« Le succès de la récolte 2023 s’explique aussi par une météo favorable lors des moments clés du cycle. Mais la hausse des rendements s’explique surtout par une meilleure maîtrise des cultures, résultat du travail mené sur le terrain avec les agriculteurs pour perfectionner chaque année cette culture complexe », précise-t-elle.

Pour continuer sur cette voie, la société s’engage aujourd’hui sur trois points essentiels, avec ses producteurs :

• la valorisation de tous les calibres produits ;

• le suivi de chaque exploitation par deux ingénieures agronomes ;

• le remboursement à hauteur de leurs frais d’installation en cas d’aléa climatique.

Reitzel estime à quinze ans le temps pour rebâtir une filière solide. Les prochaines récoltes seront donc très attendues, pour confirmer une tendance optimiste mais fragile.

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