Adapter l'agriculture au changement climatique coûterait 1,5 milliard d'euros par an

Concept of climate change.

Maintenir les rendements des principales cultures végétales face au déréglement climatique : c'est certes un défi financier pour les États et les acteurs du secteur, mais aussi une nécessité sociétale. 

Crédit photo nirutft - stock.adobe.com
Si les coûts des transformations plus structurelles des modèles agricoles restent difficiles à évaluer, un montant de l'ordre d'1,5 milliard d'euros par an serait nécessaire sur les dix ans à venir pour maintenir les rendements des principales cultures végétales. C'est un rapport de l'Institut de l'économie pour le climat (I4CE) sur trois secteurs (bâtiment, transports terrestres et agriculture végétale), remis au Gouvernement français le 5 avril, qui donne ce chiffre. 

En raison de son exposition géographique aux courants chauds, venant des régions tropicales, mais aussi de l'effet de serre induit par les émissions de ses activités économiques (dont 19 % pour l'agriculture), sans oublier les changements dans l'utilisation des terres, largement artificialisées, la France est l'un des pays les plus touchés par le réchauffement climatique.

Des températures plus élevées qu'ailleurs

De fait, au cours des dernières décennies, la température moyenne, dans l'Hexagone, a augmenté de 1,5 °C - alors que la moyenne mondiale n'a été « que » de 1,1 °C. Mais la France est aussi une puissance agricole.

Des défis de grande ampleur

Dans ce contexte, le rapport de trois experts – Vivian Depoues, Guillaume Dolques et Morgane Nicol – de l'Institut de l'économie pour le climat (I4CE), remis au Gouvernement français le 5 avril et portant sur trois secteurs : le bâtiment, les transports terrestres et l'agriculture végétale, montre l'ampleur des défis.

Intitulée « Anticiper les effets d'un réchauffement de + 4 °C : quels coûts de l'adaptation ? » l'étude a tenté de réunir des premiers éléments de chiffrage.

Tout dépend du niveau de réchauffement considéré

Les coûts sont en fait difficiles à évaluer, puisqu'ils dépendent « à la fois du niveau de réchauffement que l'on souhaite considérer (et beaucoup des analyses restent encore à conduire pour quantifier l’ampleur des vulnérabilités pour chaque niveau de réchauffement), préviennent-ils, et de la manière dont on choisit collectivement de se préparer (et beaucoup de ces choix restent à faire ». Il n'empêche.

Maintenir les rendements avant tout 

Environ « 1,5 milliard d'euros par an pourraient être nécessaires dans la prochaine décennie pour déployer à grande échelle des mesures techniques permettant de maintenir les rendements des principales cultures végétales, malgré une variabilité climatique renforcée », annonce le rapport.

Ajuster les pratiques culturales 

Et mieux vaudrait d'ores et déjà s'atteler à la tâche.  « Des options d'anticipation sont bien identifiées et pourraient être mieux déployées », indiquent à cet égard les trois experts. Il s'agit ainsi « d'ajuster certaines pratiques culturales ou de généraliser des mesures agroécologiques pour limiter l'effet de la variabilité climatique sur les productions agricoles », expliquent-ils.

Anticiper, une façon d'économiser

L'anticipation permettrait d'ailleurs de faire des économies, puisque « les réactions spontanées qui sont [actuellement] observées se révèlent souvent les plus coûteuses pour les finances publiques et représentent déjà plusieurs milliards d'euros par an », que ce soit sous forme de réparation des infrastructures essentielles ou d'aides de crise.

Intégrer les mesures dans les investissements déjà prévus

Pis, « ces dépenses subies ne vont cesser d'augmenter et perdre leur caractère exceptionnel », soulignent-ils. Seule solution : intégrer l'adaptation dans les cahiers des charges des investissements déjà prévus. Reste à savoir si cela suffira...

Le rapport Pisani-Ferry tablait sur 2 milliards d'euros par an 

Dans un rapport réalisé avec Selma Mahfouz, inspectrice générale des finances, et rendu public à la mi-2023, Jean Pisani-Ferry, professeur à Sciences Po et membre des think tanks Bruegel et Peterson Institute, estimait de son côté que « dans l'agriculture, les évaluations des besoins d'investissement dans la transition environnementale sont rares. Les leviers identifiés de réduction des gaz à effet de serre (réduction des utilisations des intrants émissifs, moindres émissions de méthane des élevages, évolution du parc des engins agricoles) se déclinent en effet très différemment selon les filières agricoles. La transition écologique suppose en outre d'importants changements de pratiques (accompagnement à l'adoption de pratiques agroécologiques, recherche et développement, etc.). L'hypothèse retenue à titre illustratif est une hausse de 2 milliards d'euros par an à l'horizon 2030 ».

 


 


 

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