Pour maintenir l’emploi d’un agriculteur confronté à une situation de handicap, des solutions d’adaptation existent. Installés à Saint-Amand-en-Puisaye, dans la Nièvre, les Établissements Bourgeois sont notamment spécialisés dans la conception sur mesure et la fabrication de hayons élévateurs à équiper sur tout type de tracteurs.
Créée en 1957, la société Bourgeois est l’une des deux entreprises françaises spécialisée dans la conception et la fabrication de hayons élévateurs pour personnes à mobilité réduite, spécifiques à l’agriculture. Le constructeur français compte à son actif l’invention et la création de plus de 55 produits.
« Nous avons à cœur d’offrir une solution aux agriculteurs qui, à la suite d’un accident ou d'une maladie, se retrouvent en situation de handicap, pour qu’ils puissent garder leur autonomie et poursuivre leur activité », précise Isabelle Bourgeois, PDG des Établissements Bourgeois. Si l’entreprise familiale s’est spécialisée dans le handicap depuis des années, le premier brevet sur tracteur a été conçu en 1981. « Aujourd’hui, nos hayons élévateurs sont adaptables à la majorité des tracteurs du marché », indique-t-elle.
Monter dans le tracteur en autonomie
Le principe est simple. Fixé sur le châssis du tracteur, le hayon élévateur HBC 200, composé d’une microcentrale hydraulique pour monter et descendre ainsi que d’un siège rotatif équipé d’une ceinture ventrale, se hisse le long des marches du tracteur hydrauliquement. Une fois en haut, la chaise peut pivoter légèrement pour permettre à l’utilisateur d’effectuer son transfert vers le siège du tracteur en toute sécurité. À l’aide de ses bras et des barres d’appuis fixées dans la cabine, la personne peut se transférer seule d’un siège à l’autre. Si la personne n’a plus ou peu l’usage de ses bras, d’autres adaptations sont possibles pour mécaniser le transfert. Toutes les articulations sont en Inox, le reste en acier métallisé. Le hayon peut supporter plus de 150 kg.
« Ce système permet aux personnes à mobilité réduite de conserver une certaine autonomie et d’être capable de monter dans le tracteur », rappelle Isabelle Bourgeois.
Après l’utilisation, la chaise se replie et se positionne à l’extérieur de la porte latérale du tracteur. Le hayon se rabat sans gêner l’utilisation du tracteur. « Il y a un déverrouillage manuel en cas de panne de l’appareil. Il sera alors possible de descendre du tracteur. »
Si le fauteuil reste sur place, certains clients ont modifié le support de siège afin de pouvoir accrocher leur fauteuil roulant sous le siège de l’élévateur.
Une conception sur mesure
« C’est une conception sur mesure, au cas par cas, assure Alain Bourgeois, responsable du bureau d’études de la société. Nous devons réaliser une étude très précise pour connaître les besoins du client, ses attentes liées à son handicap et surtout pour pouvoir s’adapter correctement au véhicule à équiper. »
Pour l’étude, il faut récolter toutes les cotes du tracteur, par le biais du concessionnaire, mais aussi en allant mesurer sur place. « Il faut bien prendre en compte les ouvertures de portes, les entraxes de roues, la hauteur du châssis, de la cabine, etc. », ajoute Isabelle Bourgeois.
Le futur client est invité, avant toute réalisation de conception de hayons, à découvrir le produit chez un utilisateur. « Ainsi, il voit concrètement le fonctionnement, il peut aussi échanger avec l’agriculteur et essayer le matériel », note Alain Bourgeois.
La conception du hayon peut prendre du temps. Il faut parfois quelques jours pour dessiner avec précision le tracteur et ce n’est qu’une fois ce croquis terminé que le dessin du hayon peut débuter. Il faut ensuite compter un mois pour la fabrication du matériel et une bonne semaine pour le montage.
Parfois, des modifications sont à réaliser sur les rétroviseurs et clignotants des nouveaux tracteurs. C’est aussi la raison pour lesquelles les cotes sont essentielles. Les Établissements Bourgeois n’interviennent pas sur le poste de conduite. Pour intégrer des commandes au volant, en Bourgogne, les personnes à mobilité réduite peuvent se tourner vers Huet Équipements, à Cosnes-Cours-sur-Loire, par exemple.
Le hayon coûte autour de 11 000 euros, l’étude pour l’adaptation sur un tracteur courant varie entre 2 500 et 2 800 euros. Le hayon et le montage peuvent être en partie financés par la maison départementale des personnes handicapées. C’est, cela dit, un dossier fastidieux et long à monter.
Le monopoutre : l’ancêtre du HBC 200
Dans les années 2000, les Établissements Bourgeois proposaient aux personnes à mobilité réduite le modèle monopoutre télescopique. Mais avec l’évolution des tracteurs, Alain Bourgeois a dû se réinventer et adapter un nouveau modèle aux spécificités des cabines actuelles. « Auparavant, les cabines étaient conçues avec des éléments droits. Aujourd’hui, les cabines sont davantage bombées et avec des accessoires plus imposants, comme le deuxième réservoir destiné à l’AD Blue, indique-t-il. Cela nous a obligés à modifier les élévateurs afin d’avoir une trajectoire de descente plus large pour descendre plus loin du tracteur. »
Si l’entreprise peut équiper tout type de tracteurs de toute marque, la pose d’un hayon sur un tracteur plus ancien est plus simple. Grâce à ce système, un céréalier, un éleveur, un arboriculteur ou un viticulteur peuvent conserver leur flotte de tracteurs. Depuis quatre ans, l’entreprise fabrique près de quatre hayons par an sur tracteur. D’autres matériels sont aussi équipés, comme une pelleteuse ou une dameuse de piste. La complexité des engins oblige l’entreprise à toujours se réinventer. Il faut penser à des matériaux résistants au gel, à la poussière, à une utilisation massive.
Cette année, un client déjà équipé par les Établissements Bourgeois leur a demandé un quatrième hayon. Son frère, après avoir fait équiper son tracteur, leur a également commandé un hayon spécifique pour son tracteur tondeuse et son quad.
Un autre client, après l’équipement de son tracteur, a fait développer un élévateur pour sa moissonneuse-batteuse, puis leur a demandé de réaliser un élévateur pour un plan de travail de cuisine réglable en hauteur afin de s’adapter à une personne valide comme à un cuisinier en fauteuil.
