La rentabilité du Salon de l’agriculture n’est pas assurée pour les exposants vignerons

« À quoi bon investir dans un stand au Salon de l'agriculture si l'on ne peut plus vendre de vin sur place ? » se questionne Benoît Trocard, des vignobles Trocard (Gironde). 

Crédit photo Lyz Zohin
Les vins ont-ils toujours leur place au Salon de l’agriculture ? Les restrictions de vente mises en place cette année ne font pas l’unanimité chez les exposants. La Fruitière d’Arbois et les Vignobles Trocard, deux entreprises fidèles parmi les fidèles du SIA illustrent ce clivage.

L’édition 2023 du Salon de l’agriculture (SIA) avait fait la une des médias pour la consommation d’alcool des visiteurs, jugée « excessive » pour les uns, « festive » pour les autres.

En réponse, les organisateurs ont opté pour des restrictions de ventes. « On a été averti au dernier moment, déplore Benoît Trocard, des Vignobles Trocard (Bordeaux). Les visiteurs achètent tout au plus un carton. Le Salon de l’agriculture n’est plus un rendez-vous commercial mais bien un rendez-vous festif. Nous nous sommes adaptés à ce changement en vendant du vin au détail et notamment du vin au verre. 5 euros pour nos AOC bordeaux, 8 euros pour notre lalande-de-pomerol, 10 pour notre pomerol ou notre saint-émilion grand cru. Les prix sont affichés. Les visiteurs s’arrêtent sur notre stand pour goûter nos vins, sans gêne de ne pas acheter plus. Finalement, en 2023, nous avions vendu les 800 bouteilles que nous avions faits monter à Paris. »

Un débit d'alcool et de vin limité pour l'édition 2024

Mais pour l’édition 2024, la vente de vin au verre est interdite le week-end. Interdite aussi la vente de bouteilles ouvertes, et cela durant toute la durée de l'événement. « Plutôt que de brider la vente d’alcool, les organisateurs feraient mieux d’investir dans la sécurité pour gérer les visiteurs. »

Justement, 30 % d'agents de sécurité supplémentaires ont été embauchés, et comme en 2023, « les “désoiffeurs” – agents chargés d’identifier les personnes trop alcoolisées, de les réhydrater et de les raisonner – assureront leur mission de vigie chaque week-end », communique le SIA.

Les mesures de restrictions satisfont au contraire certains exposants comme la Fruitière vinicole d’Arbois (Jura). « Depuis deux ans surtout, on voyait de plus en plus de jeunes venus sur le Salon pour s’enivrer, déplore Dany Primot, commerciale pour la coopérative. Sur le stand, nous ne faisons pas de dégustation payante. Je peux donc contrôler qui je sers. Les nouvelles règles ne perturbent pas notre modèle économique. Néanmoins, je constate année après année que les visiteurs sont intéressés pour déguster mais pas pour acheter. Jusqu’à présent, on arrive à maintenir le chiffre d’affaires, mais les volumes vendus sur place et par livraison diminuent. »

Des questions sur la rentabilité du Salon

« On se pose bien entendu des questions sur la rentabilité du Salon, commente Benoît Trocard. Le prix des stands augmente chaque année. Il en va de même pour les frais d’hébergement. Il y a dix ans, mon père que vous aviez interrogé se demandait s’il allait continuer à venir. Je me pose cette année la même question. À quoi bon investir dans un stand si on ne peut plus vendre de vin sur place? Ce sont ces ventes qui font désormais qu'un  SIA est réussi ou non. Je ne suis pas présent pour faire uniquement la promotion de ma région. D’ailleurs, nous sommes chaque année moins d’exposants. Cinq vignerons tout au plus pour la région Nouvelle-Aquitaine. Les autres sont des négociants. »

Une désertion confirmée par Dany Primot : « Pour le vignoble du Jura, nous ne sommes plus que deux : la fruitière d’Arbois et Henri Maire, récemment racheté par le négoce bourguignon Boisset. Quand j’ai commencé le SIA il y a trente ans, nous étions une quinzaine… Mais le salon coutait trois fois moins cher ! »

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