Canidea Idele: favoriser les aptitudes naturelles des chiens de conduite

Rassemblement chien en Haute-Garonne

Près de 500 chiens ont été évalués sur leur comportement vis-à-vis d’un lot de 12 à 15 brebis, sur un terrain neutre, en l’absence de leur maître et en présence d’un conducteur inconnu.

Crédit photo Barbara Ducreux
Améliorer les schémas de sélection des chiens de conduite en prenant mieux en compte les aptitudes naturelles des animaux et en s’affranchissant de l’effet dressage : c’est dans cette optique que s’ancre le projet Canidea Idele, qui s’est achevé fin août.

« L’utilisation d’un chien de conduite de troupeau est un subtil équilibre entre les aptitudes naturelles du chien, liées à sa génétique, et son dressage », explique Barbara Ducreux, cheffe de projet à l’Institut de l’élevage et pilote du projet Canidea Idele. L’interaction entre l’humain et l’animal est primordiale pour réussir à travailler ensemble et il faut investir du temps pour dresser son chien.

Les éleveurs ne sont pas tous des dresseurs

Or, « les éleveurs ne sont pas forcément des dresseurs », estime Pascal Cacheux, éleveur ovin et ancien formateur Idele à l’utilisation des chiens de conduite du troupeau. Et si le chien possède dès le début de bonnes aptitudes naturelles, le dressage sera facilité. L’éleveur aura besoin de faire preuve de moins de technicité et les contacts avec le troupeau seront apaisés.

Encore faut-il reconnaître ces chiens aux bonnes aptitudes naturelles, ceux qui sauront empêcher les fuites d’animaux, les maintenir groupés à proximité de l’humain, affronter les récalcitrants si besoin et provoquer le mouvement du troupeau, le tout de manière respectueuse et sans comportements de prédation portant atteinte au bien-être des animaux. Un vaste travail auquel se sont attelés les partenaires du projet piloté par l’Idele. Il s’est déroulé pendant quatre ans et s’est terminé fin août.

Un test en terrain neutre

  • Premier objectif du projet : « Définir un test d’évaluation des aptitudes du chien de conduite de troupeau qui soit simple, fiable et répétable », indique Barbara Ducreux. Il fallait également que le test reflète véritablement les aptitudes naturelles, avec le moins de biais possible dus au dressage. Les partenaires du projet ont donc testé les chiens en présence d’animaux inconnus, sur un terrain neutre, en l’absence de leur maître et en présence d’un conducteur n’ayant pas d’expérience dans le dressage des chiens ni dans leur utilisation.
  • Les chiens devaient également être jeunes, entre 8 et 24 mois, pour limiter la part du dressage dans leur comportement. « Nous souhaitons d’ailleurs aller plus loin à l’avenir, en limitant l’âge à 18 mois. Le mieux serait même de tester des animaux tout juste déclarés », ajoute la cheffe de projet. Les chiens devaient toutefois être habitués à la laisse et avoir déjà eu un contact en liberté avec un troupeau.

Pendant le test d’environ 3 minutes, les chiens sont évalués sur leur comportement vis-à-vis d’un lot de 12 à 15 brebis habituées aux chiens. 28 variables sont étudiées pour évaluer ces comportements. Une seule est quantitative : le nombre de morsures.

Une grille de notation structurée

Au-delà de trois morsures, le test est arrêté. Les autres variables sont qualitatives et toutes s’intègrent dans une grille de notation structurée autour de six composantes :

  • la motivation du chien aux animaux,
  • sa concentration,
  • son comportement de prédation vis-à-vis des animaux,
  • la référence du chien à l’humain en présence d’animaux,
  • sa capacité à déplacer les animaux pour l’humain et enfin,
  • sa capacité à les contenir.

Ces six composantes forment la valeur d’usage (VU) d’un chien de conduite. Plus elle sera élevée, plus le chien présentera d’aptitudes naturelles utiles pour son utilisation dans le cadre de la conduite des troupeaux. Les partenaires du projet Canidea Idele parlent alors de chiens « VU – recherchée ».

Au cours des 18 sessions de test réalisées pendant le projet, qui se sont déroulées dans 15 départements, des données ont été recueillies pour 481 chiens. Toutes les races de chiens étaient acceptées, mais la quasi-totalité (460) était des borders collies, race très utilisée en tant que chien de conduite. 78 % des chiens étaient inscrits au LOF.

Objectif : plus de 1.000 chiens

Rassemblement chien dans l'Allier
Au total, seuls 48 % des chiens testés ont réussi à finir l'épreuve. Parmi les borders collies, seule race significative statistiquement, 16,5 % seulement ont une valeur d’usage recherchée.
Crédit photo : Barbara Ducreux

Seuls 27 % des chiens testés travaillaient sur bovins uniquement, alors que les 73 % restant travaillaient soit sur ovins soit sur bovins et ovins. Les chiens ayant l’habitude des bovins ont un peu moins bien performé durant les tests, ce qui peut peut-être s’expliquer par un manque d’habitude vis-à-vis des brebis.

De plus, au total, seuls 48 % des chiens testés ont réussi à finir le test, et parmi les borders collies (seule race significative statistiquement), 16,5 % seulement ont une VU recherchée. « Cela ne veut pas dire qu’il n’est pas possible de travailler avec les autres chiens, mais leur dressage va demander plus de temps, d’investissement et de compétences pour atteindre un résultat », explique Barbara Ducreux.

Aujourd’hui, le test et la grille de notation sont stabilisés. Les partenaires du projet Canidea Idele voudraient approfondir leurs premiers résultats, en collectant des données sur plus de chiens. Au moins 1 000, c’est l’objectif affiché. « Nous pourrions imaginer former une ou deux personnes par département pour réaliser le test, indique la cheffe de projet. Ces personnes pourraient organiser les tests lors de formations d’éleveurs, de concours, etc. »

Des analyses généalogiques et génétiques

Augmenter l’échantillon de chiens testés permettrait de commencer des analyses généalogiques et génétiques. En effet, des prises de sang ont été effectuées sur tous les chiens testés. Pour le moment, elles sont stockées, mais lorsque l’échantillon de chiens testés sera suffisant, des génotypages pourront être effectués.

De même, les partenaires du projet souhaitent augmenter le nombre de chiens testés dans d’autres races que le border collie, et notamment pour des races françaises comme le beauceron et le berger des Pyrénées. En effet, avec respectivement six et quatre individus testés pour chacune de ces races, il n’a pas été possible de réaliser d’études statistiques.

Reste en suspens la question de la suite du projet. Les partenaires espèrent obtenir des financements pour un projet Canidea 2, qui leur permettraient d’approfondir ces questions. À suivre donc…


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