Épidémie de mildiou : ce qu’il faut retenir de l’enquête dans le Sud-Ouest

Mildiou à Saint-Emilion

90 % des parcelles de référence de Gironde ont été touchées par le mildiou en 2023.

Crédit photo Fanny Laison
Avec plus de 90 % des parcelles de référence de Gironde touchées par le mildiou, l’année 2023 restera dans les mémoires comme une année noire en matière de mildiou. Pour tenter d’expliquer l’ampleur de l’épidémie, le Vinopôle Bordeaux-Aquitaine a sollicité les viticulteurs de la région à travers une enquête à laquelle 500 d’entre eux ont répondu. La plupart sont de Gironde et de Dordogne. Plus que des réponses, les analyses confirment les observations de terrain. 

C’est la question que se posent nombre de viticulteurs girondins : la proximité de vignes abandonnées a-t-elle pu favoriser le développement du mildiou au sein de leurs vignes ?

Malheureusement, les données récoltées par les équipes du Vinopôle (1) n’ont pas permis d’y répondre. Un protocole va donc être mis en place dans le courant de l’année pour tenter de déterminer s’il y a causalité. 

Les températures ont favorisé le mildiou et la vigne 

Ce n’est pas un secret, selon Météo France, 2023 a été la deuxième année la plus chaude après 2022. Les températures moyennes entre juin et septembre ont été supérieures de 1,5 à 2 °C aux normales de saison. À Saint-Émilion, l’une des zones les plus touchées par le mildiou, les températures moyennes ont chaque mois été supérieures à la normale constatée entre 1991 et 2020, excepté en février.  

Températures moyennes mensuelles à Saint-Emilion en 2023
A Saint-Emilion, l’une des zones les plus touchées par le mildiou, les températures moyennes ont chaque mois été supérieures à la normale constatée entre 1991 et 2020
Crédit photo : SAFRAN MF / Vinopôle

Ces températures ont bien évidemment accéléré le développement de la vigne. Au 31 mai, en Nord-Aquitaine, 25 % à 50 % des vignes suivies étaient en floraison. Sur une semaine, elles pouvaient pousser de 10 à 22 cm, et gagner 1,5 à 3 feuilles.

« En 2023 les vignes poussaient tellement vite qu’il y avait constamment de jeunes organes, ce qui les a rendues plus vulnérables », explique Séverine Dupin, responsable du département Recherche et développement à la chambre d’agriculture de Gironde, qui a copiloté l’étude aux côtés de Marc Raynal, de l’IFV. « Dans le même temps, les températures étaient très proches de la température optimale pour le développement du mildiou.”  

Suivi de croissance de la vigne en Nord Aquitaine
Les températures plus élevées que les normales ont accéléré la croissance de la vigne.
Crédit photo : BSV / Vinopôle

Les pluies ont été hétérogènes 

À ceci s’est ajouté une pluviométrie assez marquée durant le printemps, tout en étant hétérogène selon les territoires de Gironde. Dans le Médoc, relativement épargné, les précipitations de mai ont globalement été inférieures à celles constatées dans d’autres zones bien plus touchées comme Saint-Émilion, l’Entre-deux-Mers et le Blayais. Jusqu’à 40 mm dans le premier cas, contre 80 à 159 mm dans le second. Une tendance qui s’estompe le mois suivant. L’ensemble de la Gironde a en effet reçu un cumul de pluie allant de 104 à 209 mm, Médoc compris. 

Cumuls de pluie en Gironde en mai et en juin 2023
Les précipitations ont été moins importantes en mai dans le Médoc que dans les autres zones de Gironde.
Crédit photo : Vinopôle

Tout s’est joué entre fin avril et mi-juin 

Ce cocktail entre températures élevées et précipitations se corrèle avec les réponses à l’enquête du Vinopôle. Celles-ci font état de premières contaminations sur la semaine 19 aux alentours du 8 mai, puis sur la semaine 21 vers le 20 mai, et sur la semaine 22 sur la toute fin du mois. Côté traitements, l’analyse des relations entre le cumul des pluies, les pertes et les calendriers d’intervention, a permis d’identifier des semaines critiques où il fallait agir. Il s’agit des semaines 17-18 (du 24 avril au 5 mai), 22 (du 29 mai au 2 juin) et 25-26 (du 19 juin au 23 juin). 

Le merlot a été plus touché que d’autres cépages 

Majoritaire en Gironde, le merlot a été, selon les témoignages des viticultures, le cépage le plus atteint par le mildiou. D’après l’analyse du Vinopôle, il a été le premier touché avec des symptômes sur feuilles à partir de la fin mai, puis sur grappes début juin. Comme le montre le diagramme ci-dessous, l’analyse des réponses fait ressortir un niveau d’attaque sur grappes particulièrement élevé. 

Valeurs moyennes d'attaque du mildiou selon les cépages
Les réponses des viticulteurs font état d'attaques sur grappes nettement supérieures en merlot que sur les autres cépages.
Crédit photo : Vinopôle

Plus de pertes chez les bio

Dans l'enquête, les bio ont été plus touchés, enregistrant des pertes de récolte plus conséquentes que les conventionnels.

Point à nuancer puisque les exploitations en AB, en conversion ou en biodynamie sont sur-représentées parmi les répondants (42 %), mais ces systèmes de conduite semblent avoir été plus vulnérables que les autres. De l’ordre de 54 % de perte de rendement contre 30 % pour les exploitations en conventionnel.

Parmi les explications de cette différence, l’IFV a constaté qu’en AB le nombre de jours couverts étaient inférieurs de 30 % au conventionnel.  Les produits bio de contact sont moins persistants et doivent être renouvellés plus souvent. 

 

(1) Le Vinopôle rassemble la chambre d’agriculture de Gironde, l’IFV, l’Agrocampus Bordeaux-Gironde, le conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux et l’interprofession des vins de Bergerac et de Duras 

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