Les transformateurs de fruits veulent surfer sur la vague « healthy »

conserve fruits

97 % des familles qui consomment des fruits élaborés achètent également des fruits frais.

Crédit photo FIAC
Alors que la végétalisation de l'assiette est de plus en plus à l'honneur, les industriels de la filière « fruits élaborés » mettent en avant la complémentarité des compotes, confitures et autres conserves et surgelés avec le frais. Sans oublier d'autres avantages, comme la possibilité de déjouer les saisons, de lutter contre le gaspillage et de faire des économies...

Alors que la végétalisation de l'assiette est de plus en plus à l'honneur, les industriels de la filière « fruits élaborés » mettent en avant la complémentarité des compotes, confitures et autres conserves et surgelés avec le frais. Sans oublier d'autres avantages, comme la possibilité de déjouer les saisons, de lutter contre le gaspillage et de faire des économies...

Recycler les fruits « moches » des vergers français

La filière fruits élaborés – d'Andros à Charles et Alice, de Materne à St Mamet, pour ne citer que quelques marques emblématiques – se porte bien, malgré la pression sur les marges due aux contraintes liées au prix de l'énergie, notamment. Mais elle veut faire encore mieux. Avec ses 43 entreprises, de la PME à l'ETI, sa cinquantaine d'unités de transformation, ses quelque 10 000 emplois directs et indirects et un chiffre d'affaires d'1,7 milliard d'euros, elle veut s'inscrire plus largement dans les habitudes alimentaires des Français.

Déjà, elle affiche des caractéristiques que l'on ne retrouve pas ailleurs, comme son savoir-faire en matière de compotes, qui bénéficie en outre de l'appétit traditionnel des Français et permet ainsi aux producteurs, français en très grande majorité, de « recycler » des fruits au calibrage trop petit pour la grande distribution dans les usines de transformation, alors que dans d'autres pays européens, pommes et poires trop petites ou « moches » sont délaissées, voire pourrissent dans les vergers. En outre, la filière fruits élaborés coche de nombreuses cases, auprès de consommateurs de plus en plus soucieux de leur santé, de l'environnement et de leur porte-monnaie...

Des habitudes de consommation qui vont vers plus de fruits

Pour avoir une idée plus claire des habitudes de consommation, le groupe Fruits de la Fédération des industries d'aliments conservés (Fiac) a demandé à OpinionWay de sonder les Français. Car les habitudes ont évolué. Si une majorité de ménages consomment encore de la viande, celle-ci n'est plus le marqueur que la société a connu dans l'après-guerre, et la végétalisation de l'assiette, au contraire, est en marche.

La recommandation de l'Organisation mondiale de la santé, résumée par le slogan « manger cinq fruits et légumes par jour », y est pour quelque chose, évidemment, mais « les représentations mentales ont aussi changé, précise Éric Birlouez, ingénieur agronome, sociologue de l'agriculture et de l'alimentation et consultant. Avant, le goût, la saveur l'emportaient. Désormais, la notion de produits sains (ou bio) et, depuis la pandémie, locaux, a fait son apparition et, enfin, face à l'inflation alimentaire, celle de la lutte contre le gaspillage et de la recherche d'une modicité des prix. Quant à la notion de plaisir, pour des fruits sucrés, en particulier, elle reste forte ». Autant d'éléments qui vont dans le sens d'une plus grande consommation de fruits (et légumes).

« Plus frais que le frais ! »

Mais encore faut-il savoir comment ces fruits sont consommés. « Il ne s'agit pas d'opposer fruits frais et fruits élaborés », indique Céline Richonnet, directrice nutrition pour Groupe Mom (Materne Mont Blanc). De fait, les données recueillies par OpinionWay montrent que si 98 % des foyers français consomment au moins un type de fruits élaborés (dont 93 % de confitures, 91 % de compotes, 76 % de fruits en conserve et 61 % de fruits surgelés), cela ne veut pas dire qu'ils boudent le frais. Ces produits viennent en fait en complément.

D'ailleurs, 97 % des familles qui consomment des fruits élaborés achètent également des fruits frais. D'autant que les premiers présentent des avantages, dont le fait qu'ils sont disponibles en toute saison, se conservent longtemps, permettent de bénéficier d'une variété et sont pratiques (faciles d'emploi et de transport, y compris dans des portions individuelles). Mieux, ils sont peu onéreux et, déjà préparés, ils évitent le gaspillage, puisque l'épluchage est déjà réalisé et, enfin, ils conservent leurs qualités nutritionnelles.

« Si vous achetez des framboises fraîches en saison, à prix d'or, et que vous les gardez pendant quelques jours, elles perdent leurs vitamines, alors que les industriels les surgèlent en quelques heures. En fait, le surgelé est plus frais que le frais ! » lance Roger Descours, président Fruits de la Fiac et patron d'une entreprise spécialisée dans les marrons en Ardèche. De plus, il met en avant les efforts consentis par les industriels en matière de produits sans sucres ajoutés, sans pesticides et du terroir. Bref, les fruits élaborés tiennent aisément la comparaison, selon divers critères (polyphénols, environnement, prix...) face aux fruits frais.

Initiatives RSE

Pour pousser son avantage, la filière rivalise non seulement d'ingéniosité pour proposer des produits toujours plus attirants et faciles d'usage pour différentes générations (enfants, personnes âgées) et divers profils (sportifs, salariés qui déjeunent au bureau...) mais elle a également pris des engagements à atteindre d'ici 2025 et lancé dès aujourd'hui des initiatives en matière de réutilisation de l'eau et du verre, de réduction des emballages, de recyclage du plastique et de récupération du carton.

>>> Lire aussi : Sacs en plastique compostables : l’Ademe montre leurs limites

Enfin, pour s'assurer de trouver la matière première nécessaire, puisque les prévisions sont, en ce qui concerne particulièrement la consommation de fruits surgelés dans les années qui viennent, d'une augmentation de 25 à 30 % par rapport aux habitudes actuelles, les transformateurs nouent de plus en plus de contrats avec des vergers, pour les fruits traditionnels (pommes, poires...) – ainsi, St Mamet, par exemple, est adossé à une coopérative jusqu'en 2036, tandis que Charles et Alice a aussi des vergers dédiés – et sécurisent des filières d'approvisionnement pour ceux qui sont actuellement à la mode, tels que les mangues.

Tout cela en attendant que le plan de souveraineté pour la filière fruits et légumes, annoncé par Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, lors du Salon de l'agriculture 2023, se concrétise... Il vise, alors que la moitié des fruits et légumes consommés dans le pays sont issus de l'importation, à gagner « cinq points de souveraineté en fruits et légumes dès 2030 et à enclencher une hausse tendancielle de 10 points à horizon 2035 ». Pour cela, le plan (à travers France 2030), doit mobiliser 200 millions d'euros en faveur de la filière.

>>> Lire aussi : Lancement du plan de souveraineté fruits et légumes

Vie de filière

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15