Rappelons tout d’abord que l’Europe a connu une très faible récolte d’abricots (40 % en dessous de son potentiel habituel). La France n’a pas été épargnée par le gel exceptionnel du 8 avril et affiche sa plus faible récolte depuis trente ans, comme le souligne Raphaël Martinez :
Concrètement, il manquait les deux tiers des abricots français cette année.
Des prix soutenus tout au long de la saison
Avec une offre aussi restreinte, le marché a été plutôt fluide si ce n’est à la fin juin où il a connu une certaine tension, expliquée par la conjoncture de deux facteurs, selon le directeur de l’AOP :La météo a été plutôt défavorable sur cette période, ce qui ne stimule pas du tout les achats de fruits d’été. De plus, en fin de mois, les dépenses des ménages français sont souvent à la baisse.
- pour les abricots orangés-rouges et tardifs1, les prix expédition ont oscillé entre 2,5 et 3 euros / kilo ;
- pour les abricots bergeron1, ils se sont maintenus entre 2,60 et 2,80 euros / kilo.
On semble cependant atteindre un certain plafond en matière prix de vente consommateur, qu’il semble difficile de dépasser. Il ne faut pas oublier que nous sommes toujours dans une crise économique liée à la Covid-19 et que tous les consommateurs ne peuvent pas se permettre de dépenser autant pour des fruits. Pour preuve en est le succès qu’ont connu les barquettes d’abricots solidaires déployés chez Intermarché.
S’il est difficile de dresser un bilan global, encore plus sur une année aussi atypique, Raphaël Martinez constate que ces prix soutenus ont permis parfois de compenser les pertes liées à la baisse de la récolte, pour les producteurs les plus chanceux :
Cette année est totalement injuste car la réussite de la campagne est entièrement liée à la capacité des producteurs à sauver la récolte. Finalement, l’année aura été très frustrante pour les producteurs de Rhône-Alpes qui font face à une 4e année de déficit très marqué, ainsi que pour une partie de la Provence et du Gard. Elle est en revanche plutôt correcte voire très bonne selon les niveaux de production dans les autres bassins.
La quête de la qualité
Mais si cette année, le marché a été plutôt fluide, les producteurs français ont malgré tout été confrontés à un début de campagne compliqué, comme le précise le directeur de l’AOP:
Chaque année, il est toujours difficile de réussir la bascule entre l’offre espagnole et l’offre française. Et cela n’est pas juste le fait des distributeurs. Il faut aussi avouer que l’abricot espagnol a gagné en qualité alors que nos abricots précoces ne sont pas toujours, gustativement parlant, au rendez-vous. Il faut donc continuer à travailler sur la qualité, à travers le choix variétal mais aussi le déclenchement de la récolte et l’organisation en station, et ne jamais perdre de vue que notre travail est avant tout de satisfaire des consommateurs.
Elle travaille enfin au développement d’un outil non destructif pour mesurer la maturité des abricots au verger.
1 ) calibre 2A, catégorie 1