« Habituellement, nous fournissons les épiceries fines à travers le pays et aussi à l’étranger. Nous proposons une gamme de plus de 90 références, essentiellement des tartinables et quelques condiments. Mais notre activité commerciale s’est arrêtée net dès la mi-mars. J’ai donc décidé de mettre mes employés au chômage partiel et de stopper l’activité de production », explique Stéphane Strobl. C’est en surfant sur les réseaux sociaux que ce dernier tombe sur plusieurs posts de restaurateurs s’inquiétant du devenir de leur marchandise suite aux fermetures de leurs établissements. « J’ai proposé à plusieurs d’entre eux de transformer gratuitement leurs légumes en conserve mais un seul m’a sollicité. »
Quand de nombreux marchés de ville et de village ont également fermé, l’entrepreneur a décidé de proposer directement aux producteurs ce service gratuit comme il l’explique : « J’ai eu beaucoup d’appels mais la plupart des producteurs ont réussi à écouler leurs marchandises, ce qui est rassurant. À ce jour, j’ai déjà transformé des asperges pour un producteur. Je viens bientôt aider un producteur de fraises. J’ai également transformé des carottes et des céleris pour la Croix-Rouge Insertion, qui est implantée dans la même commune que la nôtre (Saint-André-de-Sangonis) et avec qui nous avons un partenariat depuis trois ans (grâce à leur activité de maraîchage, ils nous fournissent nos aubergines !). Ils avaient perdu des marchés avec la fermeture de la restauration collective. C’était normal de leur venir en aide ! »
Fonds de solidarité : une base de calcul peu avantageuse
Même s’il souhaite rester serein, Stéphane Strobl s’inquiète pour la suite des événements notamment en raison du manque de lisibilité : « Je me dis qu’une partie de notre clientèle, les épiceries fines, a maintenu une certaine activité, alors cela va peut-être nous permettre de sauver les meubles… Mais on sait que ce confinement est amené à durer donc on est inquiet pour la suite. On commence également à avoir des impayés. Mais ma plus grosse inquiétude concerne les dispositifs économiques auxquels on peut prétendre. On a déjà pu bénéficier d’un report de nos crédits, ce qui est une bonne chose. On va aussi solliciter les reports des charges même si j’aurais préféré un moratoire. Il y a aussi le fonds de solidarité mais le problème est que pour être éligible, il faut avoir subi une perte de chiffre d’affaires de 50% durant la période comprise entre le 21 février et le 31 mars 2020, par rapport à l’année précédente. Or, l’année 2019 a été une mauvaise année pour nous avec des ventes en baisse de 20% dans les épiceries fines qui ont subi la crise des “gilets jaunes”. De plus, cette année, nous avons réalisé une grande partie de nos ventes sur la seconde quinzaine de février et la première semaine de mars. La base de calcul n’est pas du tout à notre avantage et je ne peux donc pas solliciter cette aide. »Pour l’instant, Stéphane Strobl avoue avancer au jour le jour. Souhaitons-lui qu’à la fin du confinement, l’envie des Français de se retrouver ensemble autour d’un apéritif fera la part belle aux tartinables de Rue Traversette !