Quel tracteur est fait pour vous ?

Quel tracteur est fait pour vous?

Quelle finition ? Quel écran ? Quelles options ? Qui ne s’est jamais posé ces questions au moment du renouvellement d’un tracteur ? Pour aider les agriculteurs à mieux faire leurs choix, Julien Hérault , conseiller machinisme indépendant chez Conseils Agroéquipements, propose de réaliser un cahier des charges, le plus adapté possible, afin de bien cibler les besoins. GTP est parti à sa rencontre, pour découvrir les bonnes questions à se poser avant l’achat.

GTP : Lors d’un renouvellement, quelle est la première question à se poser ?

Julien Hérault : Pour moi, le critère le plus important, qui surpasse de très loin le nombre de cylindres, le type de boîte ou même la couleur du tracteur, c’est le duo poids du tracteur à vide et puissance. Ce ratio sera déterminant pour s’adapter parfaitement aux travaux que je vais demander à mon tracteur. S’il s’agit de traction lente, il faudra que je vise un ratio de 50 kg/cheval minimum. S’il faut faire de la traction rapide, comme lors de déchaumages avec des disques, ce ratio peut descendre entre 40 et 45 kg/cheval. Enfin, si je veux essentiellement faire du transport ou des travaux à la prise de force, alors je peux descendre en dessous des 40 kg/cheval. Et il faut rester vigilant : même s’il est de plus en plus facile d’alourdir les tracteurs aujourd’hui, il faut se méfier, car il est compliqué de bien lester certains tracteurs.

 

GTP : La puissance est donc un élément important, comment bien définir ce dont j’ai besoin alors ? 

Julien Hérault : Dans le cadre d’un renouvellement, il faut uniquement regarder le débit de chantier. Est-ce que j’ai besoin de plus de débit de chantier pour mes différents travaux ? Si la réponse est non, alors je n’ai pas besoin de puissance supplémentaire. Autrement dit, si j’achète un tracteur avec 20% de puissance en plus que mon ancien tracteur, est-ce que je vais augmenter mon débit de chantier de 20% ?

Dans les années qui viennent, la télémétrie pourra être une aide très précieuse pour connaître avec précision l’utilisation de la puissance du tracteur. Ainsi, j’ai par exemple travaillé avec un Gaec qui analyse avec précision les différentes données issues de la télémétrie de leurs trois tracteurs de têtes. Le taux de charge est un critère essentiel notamment, qu’il faudra prendre en compte au moment du renouvellement, comme on peut le faire déjà avec une moissonneuse-batteuse ou une ensileuse.

 

GTP : Le type de transmission est aussi un élément qui revient régulièrement lors d’un achat. Comment bien choisir ?

Julien Hérault : Du côté de la transmission, il faut réussir à trouver le meilleur compromis entre la valorisation de la pleine charge et le prix de la boîte de vitesses. La moins chère sera la plus simple mécaniquement, mais elle ne valorisera pas toujours la pleine charge du moteur, donc attention. Pour moi, sur le marché aujourd’hui, la transmission qui aura le meilleur ratio prix/performance sera une boîte à double embrayage. Tandis qu’une boîte semi-powershift a un très bon rapport qualité-prix de son côté. Enfin, la boîte à variation continue, qui a le vent en poupe en ce moment, sera utile dans certains travaux, mais est-ce que son surcoût sera valorisé dans l’ensemble des travaux que j’ai à faire sur mon exploitation ? Le choix de la transmission n’est pas simple. 

 

GTP : Finalement, il faut réussir à répondre aux deux questions suivantes : de quoi ai-je besoin ? De quoi ai-je envie ? 

Julien Hérault : C’est vraiment tout l’objectif du cahier des charges que j’effectue chez les agriculteurs. Selon les besoins de l’exploitant en face de moi, je peux lister une centaine d’éléments qu’il faudra sur son futur tracteur idéal : de la prise de force en passant par les besoins hydrauliques, aux dimensions, etc. Mais dans tous les cas, je demande à l’exploitant de classer les réponses en trois catégories : contraintes, exigences ou souhaits. La première catégorie correspond aux contraintes physiques ou réglementaires présentes concrètement sur l’exploitation : est-ce qu’il y a une porte d’un bâtiment qui exige une hauteur maximum ? Ou une turbine sur un semoir qui nécessite une puissance hydraulique minimum ? Concernant les exigences, ce sont des équipements que je ne suis pas obligé d’avoir, mais que je m’impose. Typiquement, cela peut être une monte de pneu spécifique, la présence d’un pont avant suspendu, etc. Enfin, la catégorie des souhaits est plus un bonus : je n’ai pas besoin des feux led sur ma ferme, mais après tout, si mon prochain tracteur en possède, pourquoi pas ! Il faut aussi aborder les attentes de services : garanties, qualité de SAV, financement, proximité de l’atelier, stock de pièces, etc.

GTP : À la fin de l’exercice, si l’agriculteur a été très précis, est-ce possible de n’avoir finalement aucun modèle qui correspond totalement à nos besoins ?

Julien Hérault : Oui, c’est régulièrement le cas ! Dans ce cas-là, il faut hiérarchiser avec l’agriculteur, pour trouver le tracteur qui possède les inconvénients dont il s’accommodera le mieux ! Il ne faut pas oublier que le tracteur parfait n’existe pas !

 

GTP : Ce n’est qu’une fois le cahier des charges fait que l’agriculteur va voir ses concessionnaires. Mais dans la plupart du temps, celui-ci a des tracteurs en stock qu’il doit écouler, non ?

Julien Hérault : Et oui, il faut être vigilant sur les stocks faits par les concessionnaires. Ils sont là pour être en mesure de fournir le meilleur prix possible aux clients de la zone, mais les tracteurs de stocks sont commandés avec des configurations censées plaire à une majorité de client. Ils ne répondront jamais entièrement à un cahier des charges. C’est là que l’anticipation entre en jeu. Lorsque l’on rentre dans un schéma d’achat avec cahier des charges, il ne faut pas être pressé et vouloir son tracteur dans la cour dans les 6 mois qui viennent. En anticipant au maximum, le client, le concessionnaire et le constructeur seront gagnant. Le client, car il aura un tracteur qui correspondra totalement à ses besoins. Le concessionnaire, car il sera en mesure de commander avec les meilleures conditions tarifaires un tracteur qu’il n’aura pas à gérer en stock, car déjà vendu. Et enfin le constructeur, car il fera tourner son usine. En travail du sol/semis, un constructeur comme Lemken a très bien compris l’intérêt de ce process, puisqu’il offre des remises intéressantes lors d’un achat anticipé par l’agriculteur.

 

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