Alimentation du bétail, un des remparts au cancer

« Si les animaux sont bien nourris, l’homme se portera mieux ». Photo: L.Theeten/Pixel Image

« Si les animaux sont bien nourris, l’homme se portera mieux », disait le groupe fondateur de Bleu-Blanc-Cœur dès 2000 quand il a mis en place le “programme national nutrition – santé des animaux”. Une devise qui a été rappelée à l’occasion d’une conférence de presse Bleu-Blanc-Cœur le 14 septembre 2016 où il a été indiqué que :

Non, la viande n’est ni un agent cancérigène ni un péché mortel. Cependant, il y a bien un impact des modes de production !

Une conférence de presse qui fait suite à la publication par l’OMS (Organisation mondiale de la santé) en octobre 2015 d’un rapport sur le lien entre augmentation de cancers chez l’homme et consommation de viande rouge et de viande transformée (charcuterie). Depuis, la consommation de viande ne cesse de diminuer…

Ne pas confondre consommation et surconsommation

D’après Bleu-Blanc-Cœur :

Le rapport de l’OMS révèle un “risque avéré” pour les grands consommateurs de viandes rouges et de charcuteries. C’est-à-dire les 20 % de la population française qui consomment plus de 100 g de viande par jour. Mais il ne s’agit que d’un “risque” (faible mais scientifiquement établi), et non d’un “danger”, c’est-à-dire d’un risque pour une population, mais pas un danger pour un individu.

Stefaan de Smet, chercheur à l’université de Gent en Belgique et membre du groupe des auteurs du rapport OMS, indique :

D’après les études épidémiologiques, l’augmentation du risque de cancer colorectal est approximativement de 20 % par tranche de 100 g de consommation de viande rouge par jour ou par tranche de 50 g de consommation de charcuterie par jour. En France, le risque d’être diagnostiqué positivement pour le cancer colorectal avant l'âge de 75 ans est d’environ 3,5 %. Cela signifie que pour une augmentation de consommation de 100 g de viande rouge ou de 50 g de charcuterie, le risque passe de 3,5 à 4 % environ. Le point négatif n’est pas la consommation de viande et de charcuterie, mais leur surconsommation.

Le fer héminique, principal coupable

Grâce à un protocole expérimental factoriel in vivo, les chercheurs ont déterminé que le fer héminique présent dans la myoglobine (et l’hémoglobine) est l’agent central pour expliquer l’effet promoteur des viandes dans l’apparition du cancer colorectal. Fabrice Pierre, directeur de recherche Inra et membre du réseau NACRe, l’explique qu’il est possible de limiter son effet :

Nos travaux ont permis de démontrer que l’ajout de calcium (chélateur du fer héminique) ou d’antioxydants dans le régime de rongeurs était suffisant pour limiter l’effet promoteur du fer héminique. Nous avons aussi démontré que l’ajout de vitamine E (0,5 g/kg de jambon, soit un apport quotidien de 80 mg/jour) dans la charcuterie pendant sa fabrication était suffisant pour limiter chez des volontaires sains, comme chez le rat, la peroxydation lipidique luminale au niveau du côlon qui favorise l’apparition de tissus tumoraux. La marinade raisin olive est efficace pour limiter le phénomène, chez le rat comme chez des volontaires sains, lors de la consommation de viande rouge (110 g/j de faux-filet pendant 4 jours). C’est donc la preuve que la modification des produits mis sur le marché est une stratégie plausible chez l'homme pour réduire le risque de cancer du côlon.

Si l’ajout d’antioxydants pendant la phase de préparation/fabrication de la charcuterie et de la viande rouge semble être efficace pour prévenir le risque de cancer du côlon, l'ajout d’antioxydants dans l'alimentation des animaux en période de finition améliorait aussi significativement la stabilité oxydative des lipides dans les viandes. À ce titre, l'association de vitamine E avec des extraits végétaux riches en polyphénols s'est révélée plus efficace que la vitamine E seule.

Denys Durand, chercheur à l’Inra dans une unité spécialisée sur les herbivores, projette donc :

Il apparait complètement envisageable de proposer aux filières animales des stratégies de conduites des animaux qui améliorent simultanément les qualités nutritionnelles des viandes pour l'homme tout en minimisant les risques associés à une consommation trop importante de viande rouge. À ce titre, il faut apporter en même temps des acides gras insaturés (préférentiellement de la famille des omégas 3) et des antioxydants qui soient à la fois hydrosolubles (comme les polyphénols) et liposolubles (comme la vitamine E). Mais il faut également réfléchir à ces apports en termes de durabilité (privilégier les sources naturelles), de santé et de bien-être animal, d'efficacité de production (attention aux interactions avec les bactéries du rumen par exemple), mais aussi d'environnement (privilégier les apports pouvant moduler la méthanogénèse…). Ce type de ration sera également à réfléchir en fonction de la ration de base (ration sèche ou humide, riche ou non en fibres ou en amidon…) et du type d'animal (race précoce ou tardive, mâle ou femelle…).

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