Jacky Berland, agriculteur en semis direct dans le sud vendéen, et impliqué dans ce projet, témoigne:
"Les agriculteurs doivent redevenir observateurs, leur regard doit changer. Ils doivent apprendre à rechercher et à observer les choses du vivant dans leurs champs. L'agriculteur qui a compris l'intérêt de l'écosystème doit en faire un outil de sa production."
"Les agriculteurs doivent utiliser en permanence des outils d'analyse visuelle."
Le plus gros réservoir de biodiversité
Piloté par l'Observatoire français des sols vivants (OFSV), Agrinnov avait pour ambition, non seulement de créer des outils de type bio-indicateurs, mais aussi d'équiper les agriculteurs de ces outils afin qu'ils puissent évaluer eux-mêmes l'impact de leurs pratiques sur la vie de leurs sols. Le projet a regroupé d'une part un groupe d'experts en biologie du sol, et d'autre part un réseau national de plus de 20 groupes d'agriculteurs en grandes cultures et viticulture, représentant 248 parcelles.Il existe de nombreux organismes vivants dans le sol susceptibles de servir de bio-indicateurs. Lionel Ranjard de l'Inra de Dijon l'affirme:
"Le sol est le plus gros réservoir de biodiversité de la planète."
• 2 indicateurs au champ effectués par l'agriculteur: le test bêche et le comptage des lombrics;
• 4 indicateurs en laboratoire: test physico-chimie, test litterbags, analyse microbienne, analyse nématodes.
8 à 10% des sols en situation faible
Les agriculteurs ont été formés à réaliser eux-mêmes les échantillonnages de sols et à en interpréter les résultats. Ils ont également répondu à une enquête sur le travail du sol, la diversité des couverts (ou couverture végétale en vigne), la gestion de la fertilisation et de la protection phytosanitaire.Une restitution des résultats leur a été faite à l'échelle de leur groupe et à l'échelle individuelle, afin de leur permettre d'orienter leur stratégie.
Globalement, le projet Agrinnov a révélé qu'en termes de patrimoine biologique et de fertilité biologique, les sols étudiés étaient dans une situation faible pour 8 à 10%, dans une situation moyenne pour 58%, et dans une bonne situation pour 32 à 34%. Ce qui fait dire à Lionel Ranjard:
"Les sols agricoles ne sont pas morts, mais ils sont à surveiller."
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