Vitisolar teste l'agrivoltaïsme au-dessus des vignes bordelaises

Piloté par le groupe EDF, Vitisolar va permettre d’étudier durant cinq ans l'influence des panneaux solaires sur le développement de la vigne.

Telle une araignée de 5 mètres de haut, Vitisolar se dresse depuis juin au milieu des vignes de l’Inrae de Bordeaux. Ses 15 pieds supportant 253 panneaux photovoltaïques bifaces orientables, soit une surface de 2 000 m² de vigne, du merlot âgé de dix ans. Des rangs de vigne ont dû être arrachés pour installer les piliers, enfoncés à 4,5 m dans le sol. Programmé sur cinq ans, ce démonstrateur bénéficie d’un budget de 2,7 millions d’euros, principalement financé par le groupe EDF, et pour près de la moitié par des fonds publics (Région Nouvelle-Aquitaine, Ademe, Union européenne).  

Protection contre les aléas climatiques

Grâce à lui, l’imposant consortium de partenaires mené par l’énergéticien¹ compte étudier l’influence des panneaux solaires sur la vigne. La protection contre les aléas climatiques (sécheresse, grêle, givre...) et les risques sanitaires sera suivie de près, tout comme la distribution de l’eau, la maturation, les rendements et la qualité de la production.

L’unité expérimentale de l’Inrae aura la charge de mener ces travaux. "Nous faisons l’hypothèse que si une vigne est exposée aux aléas climatiques, elle souffrira moins s’il y a des panneaux, car ils lui fourniront un confort thermique et hydrique", a annoncé Abraham Escobar-Gutiérrez, président du centre Inrae de Poitiers lors de l’inauguration de Vitisolar, le 19 septembre. 

Un modèle adapté à la vigne 

D’autres démonstrateurs, comme Sun’Agri dans les Pyrénées-Orientales, ont déjà montré que la présence des panneaux influence le microclimat de la vigne et aide à limiter le stress hydrique. "Nous pouvons atteindre une diminution de la température en été de 1°C à 2°C et limiter l’évaporation de l’eau", a d’ailleurs souligné Axel Becker, responsable du département des nouvelles technologies d’EDF renouvelable. L’entreprise mène une cinquantaine de projets d’agrivoltaïsme en France, sur le riz, la luzerne ou encore l’élevage.

L’objectif de Vitisolar est également de savoir dans quelle mesure l’agrivoltaïsme pourrait fournir un revenu complémentaire aux viticulteurs. Les 253 panneaux peuvent produire 100 kilowatt-crête, soit la consommation de 35 maisons. L’étude doit déboucher sur "différents scénarios technico-économiques afin de concevoir un modèle idéalement adapté à la vigne", a souligné Martin Leÿs, directeur d’EDF en Nouvelle-Aquitaine. 

(1) ArcelorMittal Exosun, Inrae, chambre d’agriculture de la Gironde, fédération régionale des Cuma, université de Bordeaux.