Risque de gel : l’assurance paramétrique couvre un aléa, pas un dégât

Water is sprayed over apple trees in order to create a layer of

L’assurance paramétrique n’est pas basée sur un dégât sur récolte, mais bien sur un événement qualifié d’aléatoire.

Crédit photo lorenza62 - stock.adobe.com
L’assurance paramétrique constitue encore un marché de niche en France. Bruno Darnaud, référent du dossier assurance à la FNPF, voit dans ce dispositif un certain nombre d’avantages, notamment une procédure simplifiée. Pourtant, il prévient : mal utilisée, cette garantie peut parfois s’apparenter à un simple « coup de poker ».

« L’assurance paramétrique, oui, mais dans des cas bien précis ! » s’exclame Bruno Darnaud, référent assurance à la FNPF et président de l'AOP Pêches et abricots de France. Pour cet expert, l’assurance paramétrique, même si elle revêt autant d’avantages que d’inconvénients, répond avant tout à un besoin précis et ne s’adapte pas à toutes les situations.

L’émergence de cette offre d’assurance est fortement connectée aux changements climatiques et à l’avènement des nouvelles technologies en agriculture. Elle est apparue il y a 20 ans dans les pays en développement pour favoriser l'assurance agricole.

Bien que l’on entende parler d’elle régulièrement, cette assurance ne semble pas être si répandue que cela dans le domaine de l’arboriculture. Par exemple, Groupama propose une offre sur prairie uniquement. De son côté, Pacifica, filiale d'assurance dommages de Crédit agricole Assurances, ne l’a pour l’instant pas déployée auprès de ses assurés.

Une assurance basée sur un événement aléatoire

Cette assurance, aussi appelée « indicielle », prend en compte un risque lié à un indice climatique, par exemple une variation de température. Dans ce cas, elle se déclenche lorsque la température passe en dessous d’un certain seuil pendant une durée fixée à l’avance. Elle peut également couvrir une fréquence de température sur une période donnée.

Selon Bruno Darnaud, l'assurance paramétrique répond avant tout à un besoin bien précis.
Selon Bruno Darnaud, l'assurance paramétrique répond avant tout à un besoin bien précis.
Crédit photo : Bruno Darnaud

Bruno Darnaud relève, là, un premier inconvénient : « Les arboriculteurs constatent chaque hiver qu’une même température, par exemple -2 °C, peut avoir des effets variables sur la récolte. C’est-à-dire que les dégâts dépendent des températures, mais aussi des conditions associées, tels l’humidité, le vent et aussi le stade phénologique du végétal. » 

L’assurance paramétrique n’est pas basée sur un dégât sur récolte, mais bien sur un événement qualifié d’aléatoire« C’est un peu un coup de poker. Un contrat dont la température seuil est fixée à -2 °C ne se déclenche pas à -1,99 °C, peu importe la perte occasionnée », prévient également le référent de la FNPF.

Un contrat apprécié pour sa simplicité et sa souplesse

Dans le cadre de l’assurance indicielle, les paramètres et la période couverte sont fixés à l’avance entre l’assureur et l’assuré. Il est aussi possible d’intégrer plusieurs variables à ces paramètres et ainsi d’apporter une dimension économique tels que le chiffre d’affaires de l’exploitation ou encore la valeur des cultures. Le capital à assurer est défini à l’avance par l’exploitant.

>>> À noter : plus la température enregistrée descend en dessous du seuil fixé, plus le montant indemnisé est élevé. Ce montant dépend d’une grille d’indemnisation.

« En cas de sinistre, la procédure est simple et rapide, car elle ne nécessite pas le passage d’un expert. C’est un avantage indéniable », énonce Bruno Darnaud. De son côté, Charles Maury, gérant et fondateur de Climate-Insurance partage un constat similaire : « Tous nos clients qui ont testé l’assurance paramétrique ne sont jamais revenus en arrière, ils apprécient le contrat pour sa simplicité et sa souplesse. » 

De plus, si l’on se réfère à la garantie gel paramétrique, l’indemnisation est versée au plus tard en juillet, alors que pour une assurance traditionnelle, les délais peuvent atteindre plus de 6 mois.

Un outil complémentaire ?

Ces délais s’expliquent par le fait que la multirisque climatique couvre les impacts directs des aléas. Les dommages doivent donc être constatés par un expert sur le terrain, contrairement à l’assurance paramétrique. Si plusieurs aléas se sont cumulés, ils sont pris en compte. L’évaluation ne porte pas sur l’intensité ou les conditions météorologiques, mais bien sur la perte de rendement associée.

Cette perte est évaluée en fonction des moyennes triennales des dernières récoltes, ou des moyennes olympiques des 5 dernières années. « Lorsqu’un producteur possède une moyenne très faible sur une espèce donnée et que la multirisque perd de son intérêt, alors souscrire une assurance paramétrique peut avoir du sens », assure le référent de la FNPF. Pour autant, l’assurance indicielle porte sur une surface et non sur une espèce.

Il faut donc souscrire cette assurance sur la parcelle où est implantée l’espèce à assurer.

Ce type de contrat peut aussi être utilisé en complément d’un dispositif technique« Prenons l’exemple d’un verger équipé des filets antigrêle ou de dispositif antigel sur 80 % de sa surface. Dans ce cas, l’assurance paramétrique peut être un bon moyen de se prévaloir du risque sur les 20 % non protégés », conclut Bruno Darnaud, qui ne dresse pas une liste exhaustive de situations pour lesquelles l’assurance paramétrique est adaptée.

Un capital à assurer de 300.000 à 400.000 euros minimum

Le coût d’une assurance paramétrique représente 2 à 10 % de la somme assurée. D’après Charles Maury, ce type de contrat nécessite quand même un certain niveau de capital à assurer, de 300.000 à 400.000 € minimum : « Cette assurance convient donc aux productions à forte valeur ajoutée comme la viticulture et l’arboriculture. » Bien qu’en plein développement, l’assurance indicielle constitue encore un marché de niche en France.

 

Température « seuil » : s’appuyer sur des données météorologiques robustes

  • L’assurance indicielle se base essentiellement sur la donnée météo, il est donc indispensable que celle-ci soit fiable. L’assureur et l’assuré doivent alors faire confiance à un prestataire tiers pour mettre en place les bons outils de mesure sur le terrain.
  • Combinés aux dispositifs de protection actuels, les stations météorologiques, satellites et outils d’aide à la décision sont autant de technologies disponibles afin de prévenir les divers événements climatiques.
  • La technologie la plus complète et répandue reste la station météo connectée. Installée directement sur l’exploitation, elle rassemble des données très précises et en temps réel. Il est aussi possible de mutualiser les informations entre agriculteurs afin de mieux connaître son territoire.
  • Les fournisseurs peuvent analyser ces données pour accompagner les professionnels dans leur décision. Une autre forme de station météo, qui ne nécessite presque aucun équipement, se développe : la station dématérialisée. Il s’agit d’un simple abonnement chez un prestataire qui donne accès à travers une application aux stations météo les plus proches de l’exploitation.

 

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