Associer farm dating et job dating sur un même événement. C’est le pari de la chambre d’agriculture des Pays de la Loire, sur son territoire segréen au nord d’Angers. En ce début de printemps sur la commune de Bel-Air de Combrée, des rendez-vous de 7 minutes se sont succédé, entre 14 exploitants agricoles et 13 potentiels salariés/associés/repreneurs.
« Tous les ans, la commune d’Ombrée-d'Anjou (9.000 habitants) organise la semaine de l'agriculture. En y intégrant un farm-job dating, l’idée est de regrouper sur un même lieu et à l’échelle d’un territoire des exploitants agricoles qui recherchent de la main-d’œuvre grâce à un job dating soutenu par Elioreso, ou des repreneurs par le farm dating, et ainsi faciliter les rencontres », explique Laure Richardeau, conseillère d'entreprise et transmission à la chambre d’agriculture dans le Maine-et-Loire.
Si de plus en plus d’exploitations recherchent des associés, les porteurs de projets agricoles envisagent davantage l’installation en individuel, parfois suite à de mauvais retours sur du collectif, de mauvaises expériences ou de l’appréhension vis-à-vis des collectifs, reconnaît la conseillère. « La recherche d’associé(e)s reste compliquée. L’embauche d’un salarié peut donc servir de tremplin en vue d’une future association ! »
Multiplier les dispositifs de rencontre
Pour Cécile Dujols, chargée de communication à la chambre d'agriculture des Pays de la Loire, les exploitations à céder seront nombreuses dans les 10 ans à venir et peinent parfois à trouver des repreneurs :
« C’est pour cela que nous nous investissons fortement dans les dispositifs d’accompagnement à l’installation ou aux reprises. Lors de la quinzaine de la transmission reprise, organisée chaque année sur la seconde moitié de novembre, nous avons entre 20 et 25 opérations sur la région, avec l’appui de nombreux partenaires et organisations professionnelles agricoles. Depuis plusieurs années, nous proposons aussi un agri-bus, où 7 à 8 candidats à l’installation vont à la rencontre de 4 à 5 fermes d’un territoire. L’opération a d’ailleurs été déclinée en viti-bus. Enfin dernièrement, nous réfléchissons à des réunions "bonnes postures" gratuites, pour préparer les candidats à leurs visites de fermes, qu’ils sachent poser les bonnes questions et fassent directement bonne impression. Cela pour faciliter les échanges et la confiance, en vue d’une reprise ou association potentielle. »
Se préparer aussi du côté agriculteur
Au total sur l’évènement de Bel-Air de Combrée, 5 exploitations étaient présentes pour rechercher des salariés et 9 pour tenter de trouver un ou une associé(e). « Les secteurs sont variés, avec de l’élevage bovin en lait et viande, de l’arboriculture, et de l’élevage porcin et avicole hors-sol. Les exploitants agricoles ont suivi une journée de formation pour savoir présenter leur exploitation, et définir leurs objectifs d’embauche ou de transmission », poursuit Laure Richardeau.
Chaque agriculteur ou agricultrice rencontre 3 à 7 candidats selon un planning prédéfini. « Ces échanges sont courts et à l’issue de cette première rencontre, des visites d’exploitations auront lieu avec les candidats retenus. »
Du côté des candidats, les profils sont assez hétérogènes. « Il y a des jeunes en sortie d’étude, des adultes en reconversion ayant suivi une formation à l’agriculture, et enfin d’autres profils non formés sur l’agricole », présente Laure Richardeau.
Besoin de communiquer
Avec ce genre d’événement, la conseillère espère répondre à l’enjeu fort autour de l’emploi-transmission en agriculture. « Les collectivités locales s’impliquent pour communiquer sur l’évènement et nous orienter vers certaines fermes en besoin. L’idée est de s’ancrer réellement sur l’humain, en dépassant des idées préconçues grâce aux multiples échanges, et voir si le courant passe pour de futures embauches ! » explique Laure Richardeau.
Si les farm-dating fonctionnent actuellement bien en Loire-Atlantique, Sarthe et nord Maine-et-Loire, Cécile Dujols reconnaît qu’ils ne sont plus mis en place dans les Mauges (Cholet), territoire d’origine du dispositif (2013) où ils ont longtemps été organisés. « Il faut savoir se réinventer, et proposer de nouvelles solutions à la fois aux porteurs de projets comme aux cédants. C’est aussi un travail de fond, où il faut solliciter les agriculteurs comme les candidats, pour faire venir le maximum de monde sur ces évènements, et susciter des vocations sur des filières parfois méconnues ! La région est en effet très diversifiée dans son agriculture, et les opportunités d’installations sont très nombreuses. »
