Sarah Singla: « Plus il y aura d’aléas climatiques, plus nous aurons besoin d’ACS ! »

Présentation de Sarah Singla, lors du 23e festival du non-labour et du semis direct. Photo O.Lévêque/Pixel6TM

Les bottes et les parapluies étaient de mise pour le festival du non-labour et du semis direct NLSD organisé cette année à Rouillé dans la Vienne, au lycée agricole de Venours. La pluie a poussé massivement le public à suivre les conférences, dont celle de Sarah Singla, agricultrice dans l’Aveyron, sur la ferme familiale en agriculture de conservation des sols (ACS) depuis 1980.

Installée sur 100 ha, en dactyle et triticale semences, luzerne et prairies, elle a martelé l’importance de maintenir une couverture végétale permanente pour sécuriser le cycle de l’eau: "Sans végétal, vous n’avez pas d’évapotranspiration. Il nous faut récolter le soleil pour semer la pluie."

Contexte d'aléas climatiques

Son objectif premier en agriculture: laisser davantage de matière organique sur une parcelle en la cédant qu’en s’y installant. "Il faut a minima une quantité de MO correspondant au taux d’argile multiplié par 0,17, poursuit Sarah Singla. Dans un contexte d'aléas climatiques de plus en plus intenses, que ce soit les fortes pluies ou les périodes sèches, on observe que les parcelles en ACS s'en sortent toujours mieux. Et c'est la raison pour laquelle de nombreux agriculteurs, tout autour de la planète, s'y intéressent et se lancent dans cette technique-là. Plus il y aura d’aléas climatiques, plus nous aurons besoin d’ACS !"

Sol nu : perte de 4 mm par jour

Avec l’été sec que nous avons vécu, l’importance de protéger le sol pour y conserver l’eau a été soulignée. "Un sol nu après déchaumage perd 4 mm par jour, soit 28 mm en une semaine, d’après les études de Jean-Pierre Sarthou de l’Inrae en 2001. Pour un champ en ACS avec résidus, on ne perd que 0,6 mm/j, soit seulement 4,2 mm en une semaine ! Et 25 mm conservés, c’est ce qui est nécessaire pour produire 1 t de matière sèche par hectare", indique Sarah Singla.

2 tonnes par roue max

L’eau se stocke davantage dans un sol avec une bonne qualité structurelle. En ACS, l’accroissement de la porosité – en particulier par la vie du sol – aide à augmenter la réserve utile, mais il convient d’éviter à tout prix aussi les compactions mécaniques. "Il existe des semelles de labour, mais aussi des semelles en TCS ! Tant que l’on ne revoit pas le trafic du matériel sur ses champs, on ne peut pas faire du semis direct. L’idéal est de ne pas dépasser 4,5 tonnes par essieu, ou environ 2 tonnes par roue", insiste Sarah Singla, mettant en avant l’intérêt de décompacter à condition d’avoir un sol végétalisé. "Si vous fissurez mécaniquement un sol nu, les éléments fins descendent et bouchent les lignes de fissuration."

Avec le CTF (Controlled Traffic Farming), où les largeurs de voies de passage sont homogènes pour les engins agricoles, la compaction peut se limiter à 12% de la parcelle. En essayant de passer sur les mêmes endroits par ses propres moyens, cette compaction sera élargie à 30% de la surface. Sinon, elle peut monter jusqu’à 90% de la parcelle, a-t-elle mis en avant.

Sans glyphosate ?

En conclusion, sur la question posée quant à l’avenir incertain du glyphosate, l’agricultrice a coupé court : "Sans glypho, on ne sait pas faire en ACS ! Pour désherber, chaque solution a ses impacts: charrue, main-d’œuvre ou chimie !"

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