« De nouveaux projets en R&D pour faire fuir les oiseaux aux semis de tournesol, il y en a. Mais peu au stade de commercialisation », reconnaît Christophe Sausse, ingénieur Terres Inovia, qui souligne être en contact avec plusieurs start-up pour tenter d’apporter des réponses aux agriculteurs. « L’effaroucheur Galinios tente d’émettre des sons différents à la détection d’oiseaux, afin d’éviter l’habituation des prédateurs… Et les plaintes des voisins. Les solutions lasers d’AgriProTech semblent intéressantes, mais la question des autorisations réglementaires en milieu ouvert est posée. Il y a aussi le robot Rover Effaroucheur d’AgriStructure, assez efficace mais qui présente des contraintes logistiques. »
Pour autant, le spécialiste Terres Inovia se félicite de « nouvelles briques technologiques » existantes sur la mobilité et la réactivité face aux oiseaux, qui laissent entrevoir des solutions applicables à moyen terme, à des coûts plus accessibles. « Le retour à l’emploi de produits répulsifs toxiques n’est pas envisagé. Les solutions de biocontrôle pourraient soulager certaines prédations, mais resteront très dépendantes du contexte local, en fonction des ressources disponibles. »
Semis sous couverts et bandes attractives
Grâce au projet Prevot (prévention des dégâts d’oiseaux au tournesol) coordonné par Terres Inovia, terminé fin 2022, des suivis ont été menés sur les bandes attractives et semis sous couverts. « S’il a été montré des intérêts des bandes attractives, il n’est malheureusement pas possible de fournir des préconisations de pratique pour une efficacité régulière », indique Christophe Sausse.
Pour les semis sous couverts, la réussite technique est plus complexe, ce qui multiplie largement les paramètres pour espérer un impact positif, d'après l’ingénieur. « Des bandes attractives sont aussi testées ici et là, mais attention à ne pas tomber dans de l’agrainage, avec des zones grises selon certains départements sur leur autorisation. »
Mieux connaître les prédateurs
Depuis les conclusions du projet Prevot, la stratégie de recherche semble plutôt axée sur une meilleure connaissance des comportements des oiseaux prédateurs des cultures.
« Il y a de grandes disparités de dégâts aux semis de tournesol par les corbeaux et pigeons, sans que l’on sache toujours pourquoi. Creuser l’aspect biologie et comportemental avec de l’acquisition de données en fonction du paysage et des pratiques est donc un espoir », termine Christophe Sausse, qui encourage les agriculteurs à déclarer au maximum leurs dégâts (sur le site Terres Inovia ou des chambres d’agriculture), pour remonter auprès des pouvoirs publics la pression subie et mieux l’analyser ensuite.
