Souveraineté alimentaire rassurante pour l'UE

La production globale en céréales couvre les besoins des États de l’UE. Mais c’est principalement grâce au blé tendre et à l’orge, dont les volumes produits sont très importants. Crédit: Dancing Man/Adobe Stock

La question de la souveraineté alimentaire revient souvent sur la table concernant l’agriculture du Vieux continent. Le conflit russo-ukrainien, avec l’inflation et les problèmes d’approvisionnement qui en ont découlé, a ravivé des inquiétudes latentes.

Agriculture Stratégies fait le point dans une enquête récente sur le sujet, évoquant les volumes de nos importations, exportations, et de nos ratios d’auto-approvisionnement.

Quatre catégories de produits ont été analysées pour réaliser l'exercice: les produits laitiers, les viandes, les céréales et les oléagineux.

Besoins et production de produits laitiers

L'Europe souffre globalement d’une réduction des cheptels, avec 5 millions de vaches en moins par rapport à l’an 2000. Cependant, celle-ci n’affecte pas encore les résultats globaux. Le continent est toujours le 2e producteur mondial, grâce surtout à l’amélioration des rendements laitiers ces dernières années.

Le taux d’auto-approvisionnement en produits laitiers est supérieur à 100% pour toutes les catégories de produits.

Les beurres et les fromages se portent bien. Malgré une hausse de la consommation (un Européen mange 3kg de fromage en plus, par an, comparé à l’année 2010), la production a bien suivi. Les exportations ont même bondi de 30% en une décennie, et ce en dépit du retrait du marché russe, qui représentait le tiers des exportations de fromage européen…

La production de poudre maigre suit la même tendance, en raison de l’arrêt des quotas laitiers. L’UE en produit 2 fois plus qu’elle n’en consomme. Mais le marché extérieur permet d’absorber ces quantités.

L’import reste très faible, avec un taux inférieur à 5%, cohérent face aux volumes produits.

Consommation de viande

L’enquête d’Agriculture Stratégies révèle là aussi une filière aux résultats satisfaisants.

Concernant le bœuf, le porc et le poulet, la consommation globale des Européens est couverte par notre production totale.
Les Européens consomment en moyenne 67kg de viande par an et par habitant. Un chiffre stable entre 2010 et 2020. En revanche, le porc et le bœuf sont peu à peu délaissés au profit du poulet, dont la demande progresse.

Le taux d’auto-approvisionnement atteint 117% pour la moyenne de la catégorie. Cependant, la filière ovine s’avère être en retrait. Elle ne couvre, pour sa part, que 86% des besoins des consommateurs de l’UE. Ceci étant, la situation n’est pas nouvelle et ce chiffre n’atteignait que 74% en 2010. En revanche, cette amélioration n’est due qu’à la baisse continue de la consommation, la production étant également en baisse.

Là encore, la relative bonne santé de la filière permet de limiter au maximum les importations, qui se stabilisent à un taux de 5%. De l’autre côté de la balance commerciale, la capacité d’exportation de viande de l’UE atteint 16%, une valeur qui progresse de 10% sur la décennie 2010-2020.

Fortune diverse pour les céréales

La production globale couvre les besoins des États de l’UE. Mais c’est principalement grâce au blé tendre et à l’orge, dont les volumes produits sont très importants. Le taux d’auto-approvisionnement dépasse les 120% et continu d’augmenter.

A contratio, la production de maïs n’est plus auto-suffisante. Ainsi, la dépendance aux importations pour cette céréale a bondi de 10 à 23% entre 2009-2012 et 2019-2022. Le volume réservé à l’alimentation animale progresse également et ne devrait pas contribuer à inverser la tendance.

Le blé dur connaît le même sort, surtout parce que la culture est peu à peu abandonnée au profit du blé tendre, bien plus rentable. La production a diminué de 15% en dix ans, et notre taux d’importation atteint désormais 25%.

Les oléagineux à la traîne

La production européenne dans le secteur oléagineux n’atteint que 58% des besoins. Ce résultat s’explique par le retard important dans la production de soja. Le taux d’auto-approvisionnement ne dépasse pas 15%. Le problème, bien connu, est pris au sérieux et les surfaces cultivées augmentent fortement depuis 2015. La production du continent a presque triplé en dix ans et les importations de tourteau de soja commencent à refluer.

La situation est meilleure concernant le colza, mais la demande a doublé ces 20 dernières années. Un volume que l’augmentation de production ne parvient pas à absorber.

La souveraineté alimentaire satisfaisante de l’Union européenne ne doit pas masquer les fortes progressions des rendements, obtenus dans certains pays au prix de techniques d’intensification souvent dommageables pour l’environnement. Le manque d’harmonisation des règlements devra être résolu ces prochaines années. Agriculture Stratégies précise que cela permettrait notamment d’apaiser les concurrences entre les États membres. D’autant qu’il est urgent de poursuivre les efforts, souvent coûteux pour la production, en matière de transition agroécologique.

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