Après une année de mise en pratique, Terres du Sud analyse les premiers résultats de ses collectifs Expéa (Expérimentations en agroécologie). Créés en janvier 2023, ils comptent une quarantaine de producteurs de différentes filières végétales et de différents terroirs, engagés pour cinq ans dans ces expérimentations.
Ces collectifs « visent à identifier les pratiques améliorant la fertilité des sols et la rentabilité des exploitations », indique la coopérative basée dans le Lot-et-Garonne. Le groupe Terres du Sud a orienté le travail de ces collectifs vers « le principal capital des agriculteurs et agricultrices », à savoir le sol.
Les groupe de travail ont réuni des agriculteurs et agricultrices volontaires en grandes cultures, bio ou non, et en légumes d’industrie.
Le cahier des charges a été élaboré pour répondre à 5 objectifs :
- Gérer les adventices résistantes, envahissantes ou toxiques
- Corriger la compaction des sols en surface et en profondeur
- Optimiser les charges de mécanisation (coûts + temps de travail / ha)
- Améliorer l’utilisation de l’eau (irrigation ou précipitations)
- Réduire les pollutions en nitrates et phytos
Le fonctionnement en pratique : comparer pendant 5 ans
Toutes les parcelles engagées sont divisées en deux. Sur une moitié, on poursuit une conduite de la culture selon les pratiques agronomiques classiques ; sur l’autre moitié, on introduit des pratiques agroécologiques déterminées à partir du diagnostic initial réalisé sur la parcelle.
Les modalités agroécologiques varient donc en fonction des indicateurs spécifiques à la parcelle et de l’assolement mis en place par l’agriculteur. C’est le cas notamment de l’implantation des couverts végétaux : le choix des variétés, des techniques de semis ou de destruction des couverts sont adaptés à chaque situation.
Les résultats obtenus sur les 5 objectifs du cahier des charges mais aussi les coûts liés aux différentes pratiques culturales et les rendements seront ainsi comparés durant les 5 années d’engagement des parcelles.
Premiers résultats : quatre leviers à activer
Au terme de cette première année, les résultats des analyses organo-biologiques révèlent une biomasse microbienne faible à très faible pour 66% des parcelles engagées. Ces relevés permettent d’identifier et de prioriser les leviers et les actions à mener pour enrichir cette biomasse microbienne et améliorer la fertilité de ces sols.
Il en ressort 4 leviers d’actions :
- Rétablir un pH basique ou neutre pour les parcelles qui ont un sol acide par des actions de chaulage (traitement à la chaux)
- Faciliter la circulation de l’air et de l’eau dans le sol, en travaillant sur la structure du sol, en préservant sa portance ou en effectuant un travail de fissuration (passage de lames en profondeur sans bouleverser l'organisation du sol afin d'injecter de l'air et de faciliter le passage des futurs racines)
- Augmenter la matière organique libre par l’apport d’effluents d’élevage, d'engrais organiques, par les résidus de culture et l’implantation de couverts végétaux
- Augmenter la matière organique liée (l’humus) par des amendements organiques et en limitant le travail du sol pour éviter une trop forte minéralisation
Bâtir des modèles pour l’ensemble des adhérents
Fabien Kaufling, directeur agrodistribution groupe Terres du Sud, explique :
« Cette première année d’Expéa est très riche en enseignements et permet de poser les jalons de nos expérimentations pour les 4 ans à venir. Les données dont nous disposons désormais vont nous permettre de mesurer la pertinence des pratiques agroécologiques mises en place, tant au niveau des coûts, des rendements que des bénéfices environnementaux. Le but étant de valider de nouveaux modèles qui s’adressent ensuite à l’ensemble de nos adhérents. »
