Les fruits de 1950 plus nutritifs ?

Sortie dans les médias français fin janvier et reprise sur les réseaux sociaux, l’étude "Still No Free Lunch"affirme que les aliments d’aujourd’hui contiendraient largement moins de nutriments que ceux d’il y a 50 ans. Photo: vschlichting/Fotolia
Sortie dans les médias français le 26 janvier et largement reprise sur les réseaux sociaux, l’étude "Still No Free Lunch" de Brian Halweil, chercheur au Worldwatch Institute, affirme que les aliments d’aujourd’hui contiendraient largement moins de nutriments que ceux d’il y a 50 ans. Ces travaux, réalisés à partir d’une dizaine d’études canadiennes, américaines et britanniques, publiées entre 1997 et 2014, confirment l’essor de la "calorie vide: grasse, sucrée, mais inutile pour la santé", reprend l’article paru sur le site Rue89.

Si une pomme transparente de Croncels apportait 400 mg de vitamine C dans les années 1950, la Golden actuelle n’en apporterait que 4 mg… D’où ce titre largement repris: Une pomme de 1950 équivaut à 100 pommes d’aujourd’hui. Pour la vitamine A, une orange des années 50 équivaudrait à 21 oranges actuelles. Et ainsi de suite pour le fer, zinc, calcium de divers aliments: légumes, viandes, lait… En cause, des "végétaux cueillis trop tôt, des traitements de conservation plus fréquents, des croissances plus rapides dopées par les engrais et une réduction du nombre de variétés, sélectionnées pour leur résistance aux parasites et leur rapidité de croissance…"

Face à cette étude, plusieurs voix se sont élevées.  Alain Delvigne, assistant technique au centre interprofessionnel maraîcher a ainsi indiqué au micro de François Genette pour RTL

On travaille de plus en plus sur les variétés et le but n'est pas de diminuer leur valeur nutritionnelle mais le contraire. On veut absolument améliorer les variétés pour qu'elles soient plus résistantes à certaines maladies, pour éviter les traitements. On veut avoir une croissance plus régulière.

Comparaisons biaisées


De son côté, Bernard Lavallée, nutritionniste chez Extenso, le centre de référence sur la nutrition de l’université de Montréal, a démenti l’affaire sur son blog du "Nutritionniste urbain":

Pour remettre les pendules à l’heure, selon les études, le contenu en vitamine C des pommes a augmenté de 16%. […] Les méthodes de mesure utilisées dans les années 1930 ou 1950 n’étaient pas aussi précises que celles utilisées aujourd'hui. De plus, les données pouvaient parfois provenir d’un seul échantillon de fruit ou de légume, comme si une seule pomme pouvait représenter l’ensemble de toutes les pommes… 

Après avoir critiqué la focalisation de l’étude sur 4 ou 5 nutriments, alors que les aliments en contiennent beaucoup plus, le nutritionniste ajoute:

Il est facile de dire qu’une orange d’antan contenait autant de vitamine A que 21 oranges d’aujourd’hui. On oublie toutefois de mentionner que l’orange d’aujourd’hui contient plus de vitamine C, de calcium et de niacine…


Des différences variétales sont aussi à prendre en compte rappelle l’article paru dans Métro:

Une pomme de variété "Ontario" d’aujourd’hui contient 20 mg de vitamine C par 100 g, alors qu’une pomme "Granny Smith" d’aujourd’hui n’en contient que de 2 à 6 mg.

"Les fruits et légumes sont encore nutritifs"


Pour Bernard Lavallée, les fruits et les légumes d’aujourd’hui sont encore nutritifs, même s’il convient de prendre en compte la diminution de certains nutriments, en lien avec les nouvelles variétés choisies pour leur goût, leur aspect esthétique ou leur résistance au transport, ainsi que les méthodes de production ou des cueillettes trop précoces.

Je ne crois pas qu’il faille totalement discréditer ces études. Elles exposent une situation qui mérite d’être approfondie. Est-ce que cette diminution en certains nutriments pourrait avoir un impact sur la santé? On ne le sait pas! Il est prouvé que ceux qui mangent au moins cinq portions de fruits et de légumes par jour sont plus en santé que ceux qui ne le font pas. Donc, oui, c’est encore une très bonne habitude d’en consommer!

Ce constat est d’ailleurs repris par Interfel et l’ANPP (Association nationale pommes poires), qui rappellent régulièrement les nombreux bienfaits de la consommation de fruits et légumes frais sur la santé.
 

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