Bruno Dupont : "Il n'y a pas que le coût du travail !"

La FNPF tiendra son congrès annuel les 25 et 26 janvier prochain au Théâtre Jean Piat de Canet en Roussillon, dans les Pyrénées orientales. Pas de rapport d’orientation cette année, mais l’envie d’en découdre avec les politiques et d’initier un travail d’analyse en réaction à l’actualité. Bruno Dupont, président du syndicat, veut déjà rebondir.

L’Arboriculture fruitière : Alors que la filière fruit française demande une harmonisation européenne du coût du travail, ce pour quoi vous vous battez depuis presque toujours, l’Allemagne vient d’entériner une réforme qui permet l’embauche de toute personne sans règle précise, pendant un maximum de 6 mois. Un coup de massue ?
Bruno Dupont : Certes, il apparait clairement que l’Allemagne est plus déterminée que jamais à gagner la bataille de la compétitivité. Mais cette situation existait déjà : elle est simplement assumée et légalisée. Nos collègues allemands peuvent en effet, désormais, embaucher quelqu’un sans règles précises pendant six mois, contre 55 jours jusqu’à aujourd’hui. Ils ne sont soumis à aucun taux horaire défini, ni obligation de demande de carte de séjour pour leurs salariés étrangers… Du travail au noir en toute légalité, en somme ! Alors, oui, c’est un coup dur, mais il n’y a rien d’illogique ni de surprenant dans cette réforme. L’Allemagne cherche d’abord à se donner les moyens de conquérir des marchés, de favoriser sa production, de développer son économie, avant de penser respect et immuabilité des lois.
L’Arboriculture fruitière : Justement,  Xavier Beulin, président de la FNSEA, propose une hausse de 3 points de la TVA. Cela permettrait de dégager 33 milliards d'euros et  d’alléger d'autant le coût de la main d’œuvre. Une bonne idée ?
Nous sommes totalement en phase avec cette proposition de nouveau mode de financement de la protection sociale en France  et l’avions formulé dans notre rapport d’orientation 2010. En réalité, cette problématique du coût du travail avait été écartée d’un revers de la main il y a quelques années par les politiques et les syndicats généralistes : on faisait cavaliers seuls avec Légumes de France. Aujourd’hui,  la question des distorsions de concurrence intracommunautaires sur le coût du travail  tombe dans le lieu commun, car tout le monde est touché… Il va falloir se poser les bonnes questions ! Et, en parallèle, pour regagner en compétitivité, travailler sur d’autres dossiers : il ne faut pas se focaliser uniquement sur le coût du travail !
Là n’est pas la source de tous les maux de la filière ?
Non, et la preuve nous en sera donnée lors de la première table ronde que nous organisons le 25 janvier : nous accueillons à cette occasion des producteurs italiens et espagnols. Malgré leurs coûts de production, bien inférieurs aux nôtres, ils ont, comme nous, traversé une très mauvaise compagne : la faute à une gestion de crise communautaire complètement inefficace. Cette année, avec le climat qui a bouleversé tout l’échiquier et conduit au télescopage des différents bassins de production, tout le monde s’est retrouvé perdant… Nous allons donc initier un débat sur une organisation économique communautaire multiforme. Il faut mettre en place une politique de retrait intelligente, et chercher à éviter que des producteurs aux coûts de production faibles puissent profiter abusivement d’un prix de retrait avantageux. Nous travaillons, avec l’Espagne et l’Italie, sur un document que nous allons proposer à la Commission.
Vous avez prévu une deuxième table ronde le 26 janvier, avec la participation d’hommes politiques…
La deuxième table ronde du congrès portera sur le thème : Quel avenir pour la production française, et dans quelles conditions ? Nous avons effectivement invité les représentants de 4 mouvements politiques : UMP, PS, MoDem et Nouveau centre. On souhaite quelque-chose de dynamique : les producteurs vont pousser les politiques dans leurs retranchements. Nous allons essayer de comprendre dans quelles mesures ce qu’ils nous proposent politiquement est applicable à la filière, à la lumière de nos expériences de terrain. Leurs ambitions sont-elles réalistes, à l’heure où la proximité et les circuits courts sont érigés au rang d’arguments électoraux ?
L’année dernière, vous aviez tendu la main vers Légumes de France, arguant que l’émergence d’une plus grande force politique et économique permettrait d’assurer aux producteurs un revenu décent. Vous allez enfoncer le clou ?
Je pense que le message a été reçu ! Depuis quelques années, nos échanges avec Légumes de France s’intensifient. Nous travaillons ensemble, dans l’intérêt de nos producteurs, sur l’application de la LMAP.

Propos recueillis par Fleur Masson
Photo : Fleur Masson / Pixel Image
Bruno Dupont (à g.) et Bruno Le Maire au congrès 2011 de la FNPF.

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