Le top départ de la récolte 2018 de mirabelles a été donné le 1er août. C’est sous un soleil de plomb qu’arboriculteurs et saisonniers ont œuvré durant les premières journées. Mais le 14 août, à mi-parcours de la récolte, les conditions sont redevenues favorables. « Ca fait du bien pour les hommes et pour les fruits », sourit Cécile Blanpied, jeune arboricultrice installée depuis décembre 2013 sur les côtes de Meuse, à Viéville-sous-les-Côtes. Même si les arbres n’ont finalement pas souffert de la chaleur. « Nous sommes sur des sols argileux ».
Les mirabelles n’ont pas de secret pour la jeune femme, qui s’est installée aux côtés de son père, Bertrand, à la retraite depuis le début de l’année, et de sa mère, Martine. Pourtant, son installation sur la ferme familiale n’a pas toujours coulé de source. « Je ne me destinais pas à l’arboriculture. J’ai occupé différents postes, avant de me rendre compte que, finalement, les mirabelles, c’est ce qui me plaisait. Je voulais aussi revenir vivre dans les côtes de Meuse. Et même si ce n’est pas facile tous les jours, c’est gratifiant de travailler pour son propre compte », confie Cécile.
L’exploitation compte 23 ha de mirabelliers, dont 18 ha en production, et 7 ha de quetsches. Cécile travaille au renouvellement progressif du verger. « Les plus vieux arbres ont près de 40 ans. Même s’ils produisent encore bien, il faut anticiper le renouvellement des vergers sachant qu’il faut attendre sept ans avant qu’un arbre fruitier entre en production. » La jeune femme teste, par ailleurs, les pêches de vigne. La famille gère également 5 ha de vignes qu’ils vinifient eux-mêmes. « Mon frère s’installe sur la partie viticole ».
Faire évoluer les pratiques
« Les mirabelliers ont fleuri à la période classique mais l’avancement a été rapide grâce à un climat favorable », explique Cécile. Les mirabelles ont un beau calibre et sont bien sucrées. « La récolte est précoce mais c’est une belle récolte ».Malgré le printemps pluvieux, la pression des maladies et des ravageurs a été relativement faible cette année. L’exploitation fait partie, depuis la création, du réseau de fermes viticoles Ecophyto. « Nous cherchons à limiter les traitements. Nous faisons certaines impasses, toujours sur une partie seulement du verger. Nous prenons des risques mesurés, s’il y a un souci, les fruits pourront toujours être valorisés en purée. Il ne faut pas oublier que nous sommes une entreprise, nous vivons de notre travail. » Le nombre de traitements réalisés chaque année est très dépendant des conditions météo. Un modèle de prévision a été créé par l’Arefe, la station expérimentale fruitière de l’Est. « Je connaît aussi les parcelles, celles qui sont plus sensibles, celles qui le sont moins. Et puis j’échange beaucoup avec le technicien de la chambre d’agriculture. Si je peux éviter un traitement, j’évite, sinon j’y vais. » Cécile accueille des essais de l’Arefe sur la taille et la conduite des arbres. « Nous cueillons en ce moment les essais. L’ingénieur de la station évalue la charge par arbre, il prend des échantillons pour analyser la grosseur, le taux de sucre… »
Une filière dynamique
Un des projets liés à son installation était le développement de la cueillette, pour valoriser la production en fruits de bouche, marché plus rémunérateur. Aujourd’hui, la cueillette représente 25% de la production, le reste étant récolté mécaniquement. Cécile embauche une trentaine de saisonniers pour la cueillette et une vingtaine pour la récolte mécanique. « Le moment de la récolte est une période intense de travail mais que j’apprécie : on récolte le fruit d’une année de travail. »L’ensemble de la production est livré à la coopérative Les Jardins de Lorraine, dont Cécile a pris, il y a peu, la présidence. Les Jardins de Lorraine sont adhérents de l’union de coopérative Végafruits. « Je suis entrée au conseil d’administration à mon installation. Je vois mon avenir dans la coopérative - l’union Végafruits est très dynamique, elle met en œuvre de nombreux projets - je voulais m’investir dans la structure », confie la jeune femme. Début 2018, Christine floquet, la présidente alors en place, a démissionné pour laisser sa place. « J’ai pris quelques jours de réflexion avant de prendre la décision de postuler à la présidence. C’est une fonction riche en échanges mais qui prend aussi du temps. »
Si Cécile privilégie la commercialisation par la coopérative, c’est aussi parce qu’elle lui permet de valoriser l’ensemble de sa production. « La coopérative prend toutes les qualités des fruits. Les mirabelles passent au trieur optique à leur arrivée sur le site de Végafruits à Saint-Nicolas-de-Port. Les plus belles sont valorisées en fruit de bouche, le restant est destiné à la surgélation ou à l’atelier purée de fruits. »
« La filière mirabelle de Lorraine est très dynamique, de nouveaux projets se mettent régulièrement en place. C’est très motivant », apprécie la jeune femme.
Hélène Flamant