​Noix : le point sur une filière en difficulté

L'année 2022 a été exceptionnelle. Photo : AOP Noix de Grenoble.
La situation actuelle de la filière nucicole montre la nécessité de mieux contrôler les productions, les importations, surtout pour les aliments qui supportent un stockage à long terme, comme c’est le cas pour les fruits secs.

Tout commence par une année exceptionnelle en 2022. À la clé, des récoltes records en France, mais aussi à l’international. 50 000 t produites dans l’Hexagone. Soit une progression de 24 % par rapport à 2021. Problème : la diminution de la consommation moyenne, amorcée ces dernières années, s’intensifie. L’inquiétude gagne les professionnels dès l’automne. Baisse de la demande, trop d’invendus et un stock important qui ne sera pas consommé. 15 000 t sont encore aux mains des producteurs...

Un marché totalement destabilisé

Plusieurs mois après la récolte, la situation s’aggrave. L’inadéquation totale entre l’offre et la demande crée de fortes tensions, avec pour conséquence une forte divergence entre coût de production, prix d’achat par les intermédiaires et celui de sa revente. Produire un kg de noix revient en moyenne à 2€ d’après les professionnels. Un coût difficile à baisser car il englobe l’entretien des vergers, la récolte, le séchage, le triage, etc. Dans le même temps, grossistes et acheteurs de la « grande distri » mettent en avant le facteur risque qu’ils encourent. Et demandent un prix d’achat qui varie souvent entre 0,47-0,48 et 0,60€/kg.

Sauf qu’en bout de chaîne, les consommateurs payent les noix au prix fort !

Des variétés proposées à des tarifs allant de 4,71€ pour des fruits en vrac sans label, jusqu’à 7,14€ le kg pour l’AOP Grenoble, et même 8,40 à 8,92€ le kg pour certaines catégories produites en agriculture biologique (NDLR: Cotations FranceAgriMer mars/avril 2023)

Des importations opportunistes pour un stress supplémentaire

Pour compliquer encore la situation, les importations se sont multipliées ces derniers mois, profitant d’un coût de production encore diminué à l’étranger. Des apports, parfois européens, notamment venus de Moldavie et d’Ukraine, où cette dernière liquidait sa production suite aux difficultés dues au conflit. Mais d’autres noix venaient de plus loin. Notamment du Chili ou encore de Californie. Des marchandises parfois vendues en grande surface en se faisant passer pour des fruits français ou issus d’entreprises françaises. Une manifestation de nuciculteurs lotois avait protesté contre cette pratique au début du mois du côté de Cahors.

Quelles solutions ?

Aller à la rencontre du client est souvent payant. Lundi 22 mai, un groupe de professionnels de la Coordination Rurale de Corrèze a réalisé une opération spéciale à Paris, pour alerter l’opinion sur les enjeux en cours. Une initiative fortement relayée par les médias nationaux, qui a permis néanmoins d’écouler 2,5 t de noix…

Pour l’heure, les syndicats demandent une renégociation des prix. Ils sollicitent aussi l’État français pour une aide d’urgence et une prime à l’arrachage. Une solution de dernier recours, mais qui permettrait d’une part de renouveler certains vergers, et d’autre part, d’effectuer une diversification en migrant une partie de la production vers des fruits davantage prisés des consommateurs. 

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