Naissance d’une filière pour les gaines souples d’irrigation

Après les films agricoles en 2009, les ficelles et filets balles rondes en 2013, puis les filets paragrêles en 2015, ce sont désormais les gaines souples d’irrigation usagées qui ont leur filière de récupération de plastique agricole. Après la signature d’une déclaration d’intention le 25 avril dernier entre les professionnels de l’agriculture (FNSEA, Légumes de France, l’Association professionnelle du melon, Coop de France et l’APCA) et les professionnels de la plasticulture (CPA, APE et Adivalor), la démarche est devenue réelle le 29 mai. Ainsi, cette nouvelle filière de récupération des plastiques usagés a été officiellement lancée le 29 mai, à l’occasion du Congrès international du plastique agricole à Arcachon.
Cette filière fonctionnera selon « le principe de la responsabilité partagée », c’est-à-dire que tous les acteurs – agriculteurs, distributeurs, metteurs en marché, fabricants – s’engagent ensemble pour construire une filière nationale dont l’accès sera ouvert à tous les agriculteurs.

Une écocontribution pour financer la collecte et le recyclage

Concrètement, il s’agira d’inclure dans le prix d’achat des gaines souples d’irrigation le coût lié à la fin de vie du produit (c’est-à-dire sa collecte et son recyclage). Ainsi, à compter du 1^er septembre 2018, l’achat de gaines souples d’irrigation sera majoré d’une écocontribution de 75€/tonne qui permettra de financer le traitement de celles-ci lorsqu’elles seront usagées.
Les détails liés à la collecte et au recyclage doivent encore être affinés, mais les pistes sont déjà bien tracées. « Les plastiques usagés seront collectés dans des containers spécifiques et le seuil d’enlèvement devrait être fixé à 3 tonnes », explique Pierre de Lépinau, directeur géréral d’Adivalor. Ainsi, les plus grandes exploitations (ayant minimum 3t de gaines plastiques usagées) pourront être collectées chez elles ; celles de taille plus modeste devront acheminer leurs plastiques usagés vers des points de collecte collectifs qu’il faudra mettre en place. Il reste cependant du temps pour s’organiser. « Les premières collectes devraient démarrer en avril 2019 », estime Pierre de Lépinau.

Augmenter le taux de collecte

D’ici là, Adivalor mènera un travail de formation et d’information auprès des agriculteurs, par le biais des organisations de producteurs notamment, afin de leur faire connaître le cahier des charges à respecter pour la collecte des plastiques. Ce cahier des charges indiquera les conditions dans lesquelles les agriculteurs doivent rendre les gaines d’irrigation usagées afin que celles-ci puissent être recyclées. « Notre objectif est que d’ici à 2022, on collecte 50% des gaines souples d’irrigation et que 75% d’entre elles soient recyclés », précise Pierre de Lépinau. Actuellement, le taux de collecte tourne autour de 35%, mais les acteurs du plastique agricole sont unanimes : « Si la filière n’avait pas été mise en place, le taux de collecte aurait très certainement chuté rapidement autour des 20% », estiment Pierre de Lépinau et Bernard Le Moine, délégué général du CPA (Comité des plastiques agricoles).
Le lancement de cette nouvelle filière vient poursuivre la démarche engagée par Adivalor et le CPA pour favoriser la collecte et le recyclage des plastiques agricoles, dans un souci de meilleure gestion des déchets. « Le plus difficile a été de réunir tous les acteurs afin qu’ils décident de tous s’engager ensemble et en même temps ». La mise en place de cette nouvelle filière reste une étape dans un processus large en faveur de l’économie circulaire. Bernard Le Moine entend d’ailleurs poursuivre le travail. « Il y a encore d’autres filières à créer pour répondre aux besoins des maraîchers. Particulièrement pour les films non tissés », indique-t-il, déjà prêt à se retrousser les manches pour la suite.