Ce sont les scolaires, le matin, puis les enfants des centres aérés, l’après-midi, qui ont participé le 14 novembre au Mont-Saint-Michel à différentes animations autour des légumes frais. Les enfants ont ainsi pu découvrir les différents aspects du métier de maraîcher, le cursus de formation pour travailler dans la filière et les débouchés sur le marché de l’emploi. L’après-midi, ils ont visité une exposition photo intitulée « Cultiver les légumes ? Pas si facile que ça… ». Ils ont également participé à des ateliers sensoriels et scientifiques et à un quiz sur les auxiliaires biologiques. Une façon de sensibiliser les jeunes aux enjeux de la production maraîchère.
Anticiper les enjeux de demain
Ces enjeux seront largement abordés les 15 et 16 novembre à l’occasion du congrès national des producteurs de Légumes de France, coorganisé avec la FDSEA 50. Plus de 200 congressistes – les professionnels du maraîchage – sont attendus pour dessiner ensemble des pistes d’actions pour la filière. Deux tables rondes viendront porter un éclairage sur les questions essentielles que se posent les professionnels aujourd’hui :- La place du producteur dans la commercialisation de demain (jeudi 15 novembre à 14h30);
- Main-d’œuvre agricole : peut-on être compétitif et attractif ? (vendredi 16 novembre à 9h).
Assez des interdictions brutales !
Temps fort de l’année, le congrès sera également l’occasion pour le président de Légumes de France, Jacques Rouchaussé, de faire le point sur les difficultés des producteurs de légumes et d’interpeler les pouvoirs publics sur le rôle qu’ils ont à jouer.Jacques Rouchaussé entend bien dénoncer les interdictions brutales de certaines matières actives nécessaires à l’activité maraîchère. Il s’agace notamment de la suspension d'autorisation du métam-sodium qui résulte selon lui d’une « erreur humaine d’application d’une personne ». « Lorsqu’il y a un accident de voiture à cause d’un chauffard, on n’interdit pas les voitures et on ne ferme pas les routes ! », a-t-il lancé devant la presse.
L’interdiction du métam-sodium est d’autant plus déconcertante qu’elle est radicale. « D’habitude, lorsqu’une substance est concernée par un retrait d’AMM, on arrête sa commercialisation, mais on laisse les producteurs écouler leurs stocks. Cette fois, ils ne pourront plus utiliser les stocks qu’ils ont déjà payés (ils ont donc réglé la redevance pour pollution diffuse) et ils ne pourront pas non plus les renvoyer à leurs fournisseurs qui pourraient, eux, réorienter ces stocks vers des pays qui autorisent encore le produit », explique Bertrand Rival, directeur de Légumes de France.
Du temps et de l’argent pour la recherche
Les producteurs de légumes sont unanimes : oui, ils sont prêts à poursuivre sur le chemin de la réduction de l’usage des produits phytosanitaires, mais il faut leur laisser le temps. « Pour trouver un produit de substitution, il faut compter dix ans de recherche », explique Jacques Rouchaussé. Et si le temps est nécessaire, l’argent l’est tout autant ! La recherche coûte cher, et elle repose sur la filière elle-même, car les grandes firmes de produits phyto s’intéressent peu au marché des légumes qu’elles estiment peu porteur (comparé à celui des grandes cultures). « Ce sont tous les professionnels de la filière fruits et légumes qui cotisent pour faire vivre leur centre technique [le CTIFL, également présidé par Jacques Rouchaussé, NDLR] », rappelle Jacques Rouchaussé qui déplore que les fonds Casdar qui abondent le CTIFL sont voués à être divisés par deux en 2019 : ils passeront de 4 millions d'euros à seulement 2 millions d'euros.Les membres de Légumes de France espèrent bien que leurs doléances trouveront écho chez le ministre de l’Agriculture…