Fournir la RHD et anticiper le réchauffement climatique : deux enjeux pour les maraîchers

À l’occasion d’une table ronde sur le changement climatique, les producteurs de Légumes de France se sont interrogés sur l’évolution des pratiques nécessaires pour s’adapter. Photo : B.Bosi/media&agriculture
C’est sur l’île de La Réunion que s’est tenu, le 20 novembre, le 63e congrès de Légumes de France. 180 producteurs métropolitains avaient fait le déplacement, accueillis par 90 producteurs locaux.

Comme chaque année, le congrès a été l’occasion de faire le bilan des actions menées par l’association spécialisée de la FNSEA pour défendre les intérêts des maraîchers : coût du travail, protection des cultures, coûts énergétiques, opération de communication pour dénoncer les pratiques abusives de certains distributeurs…
Une fois le bilan présenté, les équipes de Légumes de France ont décidé de consacrer la grande majorité de la journée aux sujets d’avenir.

Fournir la RHD en produits français

Une première table ronde était dédiée aux relations à établir entre producteurs et collectivités, dans le cadre de l’ambition de la loi EGalim qui fixe l’objectif de 50% de produits locaux et sous signe de qualité dans les cantines d’ici 2022.
Pour Bruno Vila, président de Rougeline, cette disposition peut constituer une opportunité pour les producteurs français, à condition cependant de mettre en place les outils pour atteindre cet objectif. Car à l’heure qu’il est, si les marchés publics permettent de flécher les produits sous signes officiels de qualité, ce n’est pas encore clairement le cas pour les produits locaux ou même français.
Par ailleurs, les appels d’offres des collectivités sont parfois trop « surdimensionnés » pour qu’un producteur seul puisse y répondre. Il faudra alors songer pour les producteurs à se regrouper, et pour les collectivités à adapter leurs appels d’offres à toute une diversité de fournisseurs potentiels. Reste sinon le plus simple : passer par les marchés de gros, qui alimentent aujourd’hui 80% de la restauration collective.
Les producteurs présents au congrès se sont mis d'accord sur un point : si la RHD souhaite monter en gamme, les agriculteurs sont prêts à la fournir, à condition toutefois d’obtenir une rémunération juste. « Avec environ 2€ moyens par repas en RHD, on ne va pas aller loin », déplore Jacques Rouchaussé, président de Légumes de France.
De leur côté, les producteurs français semblent prêts à jouer le jeu. « Pour fournir la RHD, il est vrai qu’on n’a pas besoin de faire de beaux emballages marketés que personne ne verra. On peut aussi proposer des produits “moyenne gamme, voire bas de gamme” au sens où ils présentent quelques défauts insignifiants », estime Bruno Vila.
 

Anticiper le changement climatique

L’après-midi, les congressistes se sont penchés sur la question épineuse du réchauffement climatique. « On ne va pas mettre la poussière sous le tapis en disant “ça ne nous concerne pas”, a déclaré Jacques Rouchaussé. Le changement climatique est là, et il nous concerne.
Jean-Louis Caffier, journaliste et consultant environnement, a enfoncé le clou. Pour lui, les producteurs doivent se préparer au réchauffement climatique et à la récurrence d’événements climatiques extrêmes (grêle, gel, sécheresse).
Producteur de fraises dans les Bouches-du-Rhône, Jean Belenguier a dit ressentir les effets du réchauffement climatique sur ses cultures. « Avant, lorsque l’on ne menait pas la campagne fraise jusqu’au bout, c’était pour des raisons de prix insuffisants, désormais on a du mal à cultiver les variétés longues (type gariguettes) jusqu’au bout de la saison, car les conditions climatiques ne sont plus optimales. On se demande si l'on ne va pas devoir déplacer une partie de nos cultures plus au nord ! ».
Conscients de l’enjeu, les producteurs de légumes, soutenus par la recherche-expérimentation et les fournisseurs de matériel, cherchent à anticiper. Des travaux sur les variétés résistantes aux maladies ou adaptées aux climats secs sont menés, des serres de plus en plus perfectionnées permettent de réguler le climat et éviter les ravageurs.
Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA a par ailleurs invité les congressistes à défendre bec et ongles la création de retenues collinaires et à se rapprocher des assureurs pour construire – enfin – une offre d’assurance adaptée aux cultures légumières. Aujourd’hui, le coût reste un frein majeur à l’assurance. « Dans la nouvelle Pac, il faudra absolument mettre des moyens sur la gestion des risques », a affirmé Jérôme Despey.
 
En conclusion du congrès, Jacques Rouchaussé a rappelé son combat pour défendre la production française, auprès des pouvoirs publics, mais également dans la distribution. Alors que certains distributeurs continuent à ignorer la réglementation en matière d’étiquetage de l’origine, il appelle tous les producteurs à rester vigilants sur le sujet, et à faire remonter à Légumes de France tous les cas de non-respect de la loi constatés. Pour le président de Légumes de France, il faut mettre un terme aux cas de tromperie du consommateur, qui porte préjudice à la filière française.
Dans la même optique, Jacques Rouchaussé a martelé son leitmotiv au sujet des décisions contradictoires de la France qui d’un côté renforce sa réglementation nationale (en interdisant par exemple, avant le 1er mai, la vente de tomates bio produites sous serre chauffées), tout en laissant entrer sur le territoire des produits qui ne pourraient légalement pas être produits en France ! « N’importons pas l’agriculture que nous ne voulons pas ! », a-t-il conclu.

Le prochain congrès de Légumes de France, en novembre 2020, se tiendra à Nantes.

 

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