Des chiffres qui cachent une grande hétérogénéité selon les produits. Familles Rurales a ainsi relevé une hausse de 18% sur les pêches et une baisse de 13% sur les fraises.
« Cette variabilité inhérente à nos produits agricoles, météosensibles, s’explique, souligne pour sa part Interfel. L’année 2017 a bénéficié d’un mois de juin ensoleillé, amenant les campagnes d’été à démarrer avec 10 à 15 jours d’avance. Le printemps 2018, quant à lui, a été frais et très pluvieux. Il a entraîné un retard de production de deux semaines endommageant certaines cultures. Les comparaisons d’une année sur l’autre s’avèrent délicates sinon impossibles dans un contexte de sous-offre européenne en abricot, melon et pêche-nectarine renchérissant mécaniquement les cours. »
Une consommation qui ne décolle pas
Si l’association Familles rurales avoue que « le système de négociations commerciales entre producteurs et distributeurs [est] en partie responsable de ces variations, elle souligne que ces dernières « nuisent à une politique de santé nutritionnelle efficace sur la durée ».« Nous sommes d’accord pour dire qu’il y a une vraie urgence, en particulier auprès des jeunes générations, puisque seulement 6% des enfants atteignent la recommandation !», complète l’interprofession des fruits et légumes frais qui constate que « c’est tout autant la perception de cherté et la variabilité déstabilisante des prix qui pénalisent la consommation et découragent les « petits consommateurs ».
« Le salaire médian des Français est relativement stable, insiste Dominique Marmier. Il est donc difficile de consacrer un budget constant à ce poste de dépenses qui est relativement onéreux si l’on souhaite respecter le programme national nutrition santé (PNNS). »
Selon Familles rurales, respecter cette consigne représente entre 8% et 17% du budget d’une famille de deux adultes et deux enfants avec un Smic. Soit entre 115 € avec les prix les plus bas en magasin à bas coût et 255 € pour une famille adepte du tout-bio.
L’Observatoire de Familles rurales pointe d’ailleurs la hausse des prix des produits bio. « Le prix des fruits issus de l’agriculture biologique a connu une hausse moyenne de 38% entre 2010 et 2018 contre 19% pour le conventionnel, dit Dominique Marmier. Pour les légumes, le bio a augmenté de 29% contre 18%. Cela sans doute parce que la demande est plus importante que la quantité disponible. »
Le poids du contexte économico-réglementaire
Interfel rappelle également que le contexte économico-réglementaire (réforme sur les charges sociales, sortie du glyphosate…) va peser sur les prix de revient et nécessairement sur les prix consommateurs. La filière demande ainsi « un appui de l’État efficace et applicable en particulier en matière de charges et de fiscalité pour l’ensemble des fruits et légumes frais, y compris au bénéfice des consommateurs. »Et d’ajouter : « Avec un capital de confiance de 90% pour les fruits et 91% pour les légumes, le secteur sait pouvoir compter sur l’attractivité de ses produits. Mais c’est bien l’engagement responsable de tous qui, au-delà des échanges au sein de la filière, permettra d’assurer une meilleure accessibilité des fruits et légumes répondant aux différentes demandes des consommateurs. »
(1) Les prix ont été relevés par une cinquantaine de personnes du 4 au 10 juin puis du 2 au 8 juillet dans 33 départements et dans 4 types de magasins : hyper/supermarchés, hard discount, marchés et magasins spécialisés bio. Le panel comporte 8 fruits d’une même variété (pomme, melon, abricot, cerise, fraise, pêche, nectarine et poire) et 8 légumes (aubergine, carotte, courgette, haricot vert, poivron, pomme de terre, tomate et salade).