Le Sud en retard d’une semaine

« Il est essentiel de retenir qu’au-delà des prévisions de récolte tous les pays de l’hémisphère Sud ont globalement des marchés de proximité en fort développement ! », explique Vincent Guérin, économiste à l'ANPP

5 570 000 tonnes de pommes et 1 476 000 tonnes de poires : voici les prévisions de récolte pour l’hémisphère Sud, rendues publiques le 7 février dernier à Berlin, à l’occasion du Fruit Logistica, soit une augmentation de 4 % en pommes (avec des prévisions d’exportations en baisse de 1 %) et une baisse de 5 % en poires (tandis que les exportations seraient en baisse de 3 % par rapport à l’an passé).

La France gagne une semaine de commercialisation

Pour Vincent Guérin, économiste à l’ANPP, l’essentiel à retenir est le caractère plutôt tardif des campagnes des différents pays : l’Argentine et le l’Afrique du Sud, par exemple, annoncent un retard d’une semaine : une aubaine pour la France qui gagne une semaine de commercialisation de plus. Ce qui tombe plutôt bien en cette année tardive !

Avec ses 1  871 000 tonnes, le Chili enregistre la plus forte hausse cette année, soit 15 % de production supplémentaire par rapport à l’an passé : des chiffres à manier, cependant, avec des pincettes, le Chili ayant expliqué avoir mal intégré, dans ses statistiques, la totalité des dégâts récemment subis, liés au gel et à la grêle.  « Le pays va donc revoir ses éléments. Ses prévisions pourraient être revues à la baisse d’ici quelques semaines. » Par ailleurs, le Chili a annoncé des calibres plutôt petits.

L’Argentine, avec ses 890 000 tonnes, accuse une légère baisse de production et annonce un retard d’une semaine. « Ce qui les préoccupe, c’est avant tout leur monnaie, très fluctuante, et les taux de change, qui créent énormément d’incertitude », analyse l’économiste.

Le Brésil, également, présente du retard, avec ses 1 180 000 tonnes prévues. Le calibre est bon à moyen, et le taux de change est plutôt favorable, comparé à l’an passé, en termes d’exportations. « Malgré tout, et comme c’est le cas pour tous les pays en développement, les coûts de production du Brésil augmentent sensiblement ! »

L’Afrique du Sud, avec ses 842 000 tonnes, est également en retard d’une semaine. Selon les Sud-africains, les légers dégâts de grêle qu’ils ont subis ne sont pas de nature à impacter leurs équilibres, ce qui n’est pas forcément le discours tenu par certains opérateurs implantés en Afrique du Sud et qui constateraient un déficit dans les approvisionnements de Golden exportées vers l’Angleterre. « Quoi qu’il en soit, les sud-africains ne devraient pas être très présents cette année », conclut Vincent Guérin.

Quant à la Nouvelle Zélande, elle est le seul pays un peu en avance cette année. « Cela nous dérange peu car la Nouvelle Zélande arrive en production plus tard. De plus, elle ne présente pas une énorme récolte », analyse l’économiste de l’ANPP. La Nouvelle-Zélande, avec ses 495 000 tonnes de prévision, perd cette année 10 % de sa production de pommes par rapport à l’an passé.

Des pays qui se tournent vers l’Asie et le Moyen-Orient

« Il est essentiel de retenir qu’au-delà des prévisions de récolte tous les pays de l’hémisphère Sud ont globalement des marchés de proximité en fort développement ! », explique Vincent Guérin. Le Brésil et l’Afrique du Sud, par exemple, ont des marchés intérieurs en plein boom, et particulièrement porteurs : ils ne devraient pas être très virulents à l’export. L’Afrique du sud se tourne également vers la zone sud du continent Africain.

« Les pays de l’hémisphère Sud étaient historiquement très dépendants du marché européen. Tous ont cependant opéré un virage : ils se sont réorientés vers leurs marchés de proximité, vers le Moyen-Orient et l’Asie. Assez structurellement et régulièrement, depuis 2006, les exportations de l’hémisphère sud vers l’Europe sont tendanciellement en baisse. On les analyse avec un peu moins d’angoisse qu’il y a dix ans », sourit Vincent Guérin. 

Ce sont donc les charnières entre les campagnes qui sont délicates à gérer, plutôt que des concurrences frontales en cœurs de campagnes. « On craignait un hémisphère sud précoce, cette année, mais ce n’est pas le cas. Les prévisions sont donc plutôt positives ! »

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