La fraise française se retrouve actuellement face à deux difficultés majeures : assurer les récoltes et écouler les marchandises.
« Une partie des fraises, les plus précoces, ont déjà été récoltées. Cependant, nous allons arriver en pic d’activité la semaine prochaine, et les renforts de main-d’œuvre prévus ne sont pas disponibles », explique Xavier Mas, président de l’AOPn Fraises de France. La fermeture des frontières exclut de fait les saisonniers étrangers, et la main-d’œuvre locale est difficile à trouver. « Il est encore impossible de donner des estimations, mais sans main-d’œuvre, on ne sait pas si on va pouvoir tout récolter. »
Trop peu d'achats
Au-delà de la main-d’œuvre, une autre difficulté handicape fortement la filière. « Les clients ont acheté des produits qui se conservent, et, depuis, ils ne vont plus dans les magasins », remarque Xavier Mas. Face à la situation, « les acheteurs (distribution, NDLR) sont très prudents », note le président de l’AOPn qui précise que : « La situation est complètement inédite. Ni la production ni la distribution n’ont l’expérience d’un tel événement. »La demande en fraise étant particulièrement faible, les prix sont déjà anormalement bas : 20% inférieurs à la référence hebdomadaire (moyenne hebdomadaire des cinq dernières campagnes) en Gariguette, et même en recul de 38% sur la fraise ronde. « La fraise devrait être classée en crise conjoncturelle par le réseau des nouvelles des marchés dès vendredi ou lundi », explique Xavier Mas.
Pour essayer d’endiguer la crise, les producteurs de fraise ont demandé à la distribution de privilégier les fraises françaises sur les étals. « Il reste encore quelques fraises d’importation en rayon, mais les enseignes sont prêtes à jouer le jeu : elles vont basculer sur la fraise française très rapidement. » Dans le Vaucluse, les Jeunes Agriculteurs ont d'ailleurs appelé la distribution à privilégier les produits français.
Producteurs comme distributeurs sont toujours devant des incertitudes : quand les Français vont-ils retourner en magasin ? Et vont-ils continuer à déporter leurs achats sur des produits de plus longue conservation ?
L’AOPn Fraises de France appelle les Français à acheter de la fraise. Elle a déjà prévu des spots publicitaires en radio et va renforcer sa communication sur les réseaux sociaux pour mobiliser les consommateurs.