Le Plan Banane Durable a-t-il été efficace ?

Pas de doute: il y a bien eu un "avant" et un "après" Plan Banane Durable 1. Photo: Fotolia
En 2007, le cyclone Dean fragilisa la filière banane aux Antilles françaises (Guadeloupe et Martinique), filière déjà mise à mal par la médiatisation de la pollution par le chlordécone et la concurrence exacerbée de la "banane dollar" en provenance d’Amérique latine.
C’est dans ce contexte que les acteurs professionnels ont mis en place, de 2008 à 2013, un plan de soutien: le Plan Banane Durable 1 ou PBD1.
Doté d’un budget initial de 170 millions d’euros, dont 40% d’aides publiques, ce plan s’était doté d’objectifs ambitieux déclinés en deux volets:
 
  • Un volet socio-économique avec la préservation de la main-d’œuvre agricole (10 000 emplois directs et indirects) et un maintien des volumes de production (minimum de 80% des tonnages de référence);
  • Un volet environnemental, avec l’homogénéisation des pratiques culturales ou encore la réduction de l’usage des pesticides (moins 50% entre 2008 et 2013).
Ce plan a fait l’objet d’une évaluation en 2014, avec le double objectif de faire le bilan de son application et de proposer des améliorations pour la poursuite du dispositif sur la prochaine période de programmation 2014-2020. Les résultats de cette évaluation ont été dévoilés dans une récente publication du Centre d’études et de prospective du ministère de l’Agriculture (CEP).
 

Un plan en avance sur Écophyto

Dans l’ensemble, il apparaît que le PBD1 a apporté une réponse globalement pertinente aux enjeux de la filière banane et a eu des effets positifs non seulement sur la filière banane mais aussi sur l’agriculture des Antilles. C’est notamment le cas d’un point de vue technique, avec:
  • La création de l’Institut technique de la banane (ITBAN), devenu depuis l’IT2 (Institut technique tropical), qui a fortement contribué à la diffusion d’innovations, parmi lesquelles la sélection d’une variété de bananier résistante à la cercosporiose noire et l’homologation en production bananière de produits phytosanitaires, dont trois biopesticides;
  • L’appui à la diffusion de la certification par le référentiel Banagap. En Martinique, 27% des planteurs sont certifiés, représentant 80% de la production, et en Guadeloupe 30% le sont, soit 69% de la production.
En matière environnementale, les progrès en termes de réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires sont indéniables. Cependant, les auteurs de l’évaluation montrent des résultats différents entre les deux îles:
 

"L’objectif a été atteint en Martinique avec une diminution de 51% des quantités de matière active par hectare entre 2006 et 2013, passant ainsi en moyenne de 11 à 4-5 kg/ha. Cette baisse est essentiellement liée à la réduction d’emploi d’herbicides. En Guadeloupe, la diminution de 35% des quantités de matière active par hectare, passant en moyenne 9 à 7,5 kg/ha, s’explique par un moindre recours aux nématicides."

 

Mieux différencier la banane antillaise

Les auteurs de l’évaluation soulignent en fin qu’il sera nécessaire de repenser les axes stratégiques du prochain plan. Outre la création d’un référentiel technico-économique et d’outils de suivi précis dans une perspective de développement durable, ils préconisent la définition d’une stratégie de différenciation de la banane de Guadeloupe et de Martinique:
 

"La recherche d’alternatives à la compétitivité par le prix, par une stratégie de différenciation de la banane antillaise française, serait aussi à encourager. Ainsi, à court terme, l’obtention d’un signe de qualité IGP serait un objectif; à moyen terme, le positionnement d’une partie de la production sur le segment bio, porteur de valeur auprès des consommateurs mais représentant un gros challenge technique, serait à rechercher; à plus long terme, il serait intéressant de développer une nouvelle variété antillaise spécifique."



 

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