Souveraineté alimentaire : les failles que révèle la crise

Dans son manifeste, la FNSEA liste ses solutions pour assurer la souveraineté alimentaire de la France. CP : FNSEA
La crise sanitaire a mis en lumière le caractère indispensable du système de santé français, mais également, celui de notre système alimentaire. Si les agriculteurs ont répondu présents pour nourrir les Français confinés, il faut désormais tirer les leçons de la situation, estime la FNSEA.
À l’occasion d’une visioconférence de presse le 6 avril, Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, et Jérôme Despey, secrétaire général, ont présenté les enseignements à tirer de la crise sanitaire, et leurs réponses, dans un « manifeste pour une souveraineté alimentaire solidaire ».
 

La production de fruits et légumes français en recul

Depuis le début des années 2000, la France a largement réduit sa production agricole. Auparavant troisième pays exportateur au niveau mondial, elle est désormais en sixième place. Nos importations augmentent plus vite que nos exportations.
Plus de 50 % des fruits et légumes consommés en France sont produits à l’étranger. À titre d’exemple, les Français ont consommé 120 000 tonnes de fraises cette année, quand 30 000 tonnes seulement ont été produites sur le territoire national, a indiqué Jérôme Despey.
Alors que certains pays européens ont développé ces vingt dernières années les surfaces consacrées à la culture de fruits et légumes, en France, c’est le mouvement inverse qui est observé. Ainsi, entre 1997 et 2017, les surfaces consacrées au maraîchage ont augmenté de 40 % en Allemagne et de 25 % aux Pays-Bas, quand elles ont diminué de 11 % en France.
Sur une période plus récente encore, entre 2010 et 2020, le verger français a diminué de 7 %. Les vergers de pêchers ont diminué de 29 % en dix ans, ceux de pruniers de 19 %. En cause, selon Christiane Lambert : « Une course aux prix bas qui a été destructrice de valeur », quand dans le même temps, le coût du travail a augmenté plus vite en France que dans tous les autres pays européens.
 

Corriger les failles et voir à long terme

Si les Français n’ont manqué de rien pendant cette période de crise sanitaire, la situation a mis en lumière des failles dans notre système alimentaire. « Il faut corriger au plus vite nos fragilités structurelles », a déclaré Jérôme Despey. Celles-ci concernent avant tout le coût de la main-d’œuvre, le plus élevé d’Europe, le déséquilibre dans les relations commerciales, ou encore les distorsions de concurrence avec une réglementation française bien souvent plus stricte que celle de l’Union européenne.
 
Résorber les failles et se projeter plus loin encore, tel est l’objectif du « manifeste pour une souveraineté alimentaire solidaire », publié le 6 avril par la FNSEA. Ce dernier promeut « une alimentation pour tous dans le respect de la planète ».

Construit autour de quatre axes, il propose :
  • de créer un pacte de confiance entre les citoyens et les agriculteurs. L’agriculteur s’engage à relever le défi de la transition écologique, soutenu par l’État, tandis que le citoyen s’engage à payer le prix juste. Selon Christiane Lambert, il s’agit d’un effort qui reste abordable pour les citoyens. « En cette période de crise sanitaire, les Français ont joué le jeu d’acheter des fruits et légumes français, cela leur a coûté en moyenne seulement 12 à 15 € de plus par mois » ;
  • de réorienter nos politiques publiques. L’État doit mettre un terme aux distorsions de concurrence, garantir l’application des décisions issues des États généraux de l’alimentation (EGA) et accompagner la modernisation du secteur agricole. Christiane Lambert souhaite à ce sujet que l’agriculture soit mentionnée dans le plan de relance de l’économie du Gouvernement ;
  • de faire de la souveraineté alimentaire un enjeu stratégique pour notre pays et pour l’Europe. Forte de nombreux atouts (production de qualité, création d’emplois, source de dynamisation des territoires ruraux…), l’agriculture française a un rôle essentiel à jouer pour les Français. Pour autant, elle ne doit pas se renfermer uniquement sur son territoire, selon la FNSEA. Ainsi, notre souveraineté alimentaire doit être « ouverte », affirme le syndicat. Concrètement, il s’agit, selon Christiane Lambert de « ne pas dire que c’est la fin de la mondialisation, mais de repenser la mondialisation » ;
  • d'aller vers plus d’Europe. Christiane LAmbert rappelle que la politique agricole commune (PAC) a été « le ciment de la fondation de l’Europe » et qu’elle n’est pas « une politique has been ». Au contraire, son budget doit être renforcé.
 

Vie de filière

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15