Situation inédite en Maine-et-Loire

Baptiste Grilleau, Philippe Jaunet et Loïc de Barmon, trois agriculteurs bio, alertent sur la sécheresse qui sévit en Maine-et-Loire. Photo : M.D.G/Pixel6TM
Suite aux sécheresses successives, le débit de la Loire est très faible en cette mi-juillet. Les producteurs bio interpellent décideurs et élus et proposent quelques actions.  

La sécheresse dans la vallée de l’Authion¹ en Maine-et-Loire inquiète. Un maraîcher bio, Loïc de Barmon qui cultive 10 ha à Saint-Gemmes-sur-Loire (49) a voulu alerter les décideurs, les élus et les citoyens le 18 juillet dernier. « Nous sommes dans une situation inédite, souligne-t-il. L’hiver a été très séchant et il n’est pas tombé une goutte d’eau depuis un mois. Les températures ont été particulièrement élevées. Le débit de la Loire est donc très bas. Comment ferons-nous si le débit continue de baisser et que les autorités sont obligées de restreindre fortement la consommation d’eau pour préserver celle des particuliers ? Car je le rappelle, les irrigants pompent dans la Loire et le consommateur boit aussi son eau. Nous craignons un ensablement des forages comme en 2011. »
En fait, les sécheresses se succèdent et les nappes ne se remplissent pas. L’association Sauvegarde de l’Anjou, présente à la conférence de presse, précise : « Dans les prochaines décennies, le débit devrait baisser encore de 20 à 50 %. »

Que produire dans les terres sableuses ?

La consommation d’eau par les irrigants augmente depuis plusieurs années pour se rapprocher de l’autorisation de pompage qui est de 33 millions de m³. Loïc de Barmon consomme 20 000 m³ d’eau au total sur son exploitation. « Cette sécheresse m’empêche de dormir ! Nous devons agir ! affirme-t-il. L’eau n’était pas trop chère, le système d’irrigation n’a guère évolué depuis des décennies. C’était un sujet négligé. Est-ce que je serai capable de produire des légumes en arrosant seulement avec 15 000 m³ ? Jusqu’à présent, je ne prenais pas de risque. »
Baptiste Grilleau, arboriculteur à Saint-Rémy-la-Varenne (49), pompe 3 000 m³ d’eau par hectare pour les pommiers. Il s’interroge aussi. « J’arrose déjà mes vergers au goutte-à-goutte, précise-t-il. Comme Loïc, j’avais envisagé de produire des kiwis mais c’est une culture qui consomme beaucoup trop d’eau. Pour le verger qui se situe sur la partie très sableuse de l’exploitation, j’envisage de ne pas replanter des pommiers. C’est trop gourmand en eau. J’implanterai peut-être une prairie. »

De la priorisation des usages aux retenues d’eau

Pour aider ses adhérents, la Coordination agrobiologique des Pays de la Loire émet quelques propositions.
« Il convient d’adapter les pratiques agricoles à la moindre disponibilité de la ressource en eau : favoriser la capacité de rétention en eau dans le sol, adapter les variétés et les pratiques culturales et mobiliser la recherche publique sur le sujet », précise le communiqué.
La Cab insiste aussi pour prioriser les usages, un sujet apparemment tabou en Anjou : en priorité, l’autonomie alimentaire et les productions créatrices de valeur ajoutée (maraîchage, arboriculture, plantes médicinales). Et enfin, la CAB demande à ce que la création de retenues d’eau soit encadrée. « Ces retenues doivent être la cerise sur le gâteau, précise Philippe Jaunet, éleveur, vice-président de Gabbanjou et administrateur de la Cab. Tout projet d’irrigation doit faire l’objet d’une étude d’impact ambitieuse, inscrit dans un cadre de projets territoriaux de transition agricole et d’une gouvernance partagée avec d’autres utilisateurs d’eau. »

(1) L’Authion est un affluent direct de la Loire aménagé par Edgard Pisani dans les années 1960 pour pouvoir irriguer des cultures à haute valeur ajoutée.  
 

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