S’affranchir de la dépendance aux pesticides : le casse-tête

Luc Barbier a présité son dernier congrés de la FNPF. Photo : FNPF
Comment expliquer aux politiques que certains produits phytosanitaires restent aujourd’hui indispensables aux arboriculteurs ? Et comment être à terme moins dépendants de ces molécules ? Tel était le casse-tête auquel se sont attaqués les producteurs de fruits réunis les 24 et 25 janvier à Cavaillon, à l’occasion du 72e congrès de la FNPF. Ce congrès sera d’ailleurs le dernier que présidera Luc Barbier, qui a annoncé qu’il quittait ses fonctions afin de se consacrer davantage à sa famille. Sans pour autant retirer totalement sa casquette de syndicaliste.

Christiane Lambert rencontre les arboriculteurs

« Il est important que la FNSEA fasse le tour de ses fédérations spécialisées », a déclaré en ouverture du congrès Christiane Lambert. La présidente de la FNSEA avait répondu présente à l’invitation de la Fédération nationale des producteurs de fruits (FNPF) et s’est pliée, pendant 2 heures, au jeu de questions et réponses avec les arboriculteurs venus en nombre au MIN de Cavaillon. Parmi les questions les plus récurrentes, celles relatives à la réduction de l’usage des produits phytosanitaires. Si tous les producteurs présents semblaient d’accord avec l’idée de tendre vers une agriculture moins dépendante aux pesticides, tous semblaient inquiets du manque de patience des politiques et de certains citoyens. Le retrait de l’autorisation d’utiliser certaines molécules avant que des solutions alternatives n’aient été trouvées pose problème. Les arboriculteurs en ont déjà fait l’expérience avec l’interdiction du diméthoate (contre la Drosophila suzukii). Ils craignent désormais l’interdiction des néonicotinoïdes qui entrera en vigueur au 1er juillet 2018. La FNPF a déjà pris les devants en demandant des dérogations jusqu’à 2020 pour les productions sans alternatives (petits fruits notamment). L’Anses devrait rendre son avis dans le courant du mois de mars.

Incohérences politiques

Les dérogations temporaires restent cependant seulement des sursis pour les producteurs qui s’inquiètent. Comment, sans outil de lutte contre les maladies et les ravageurs vont-ils pouvoir continuer à produire et à être compétitifs sur le marché mondial ? Car c’est bien là la vraie question. Les producteurs français subissent le double discours, ou même la schizophrénie, de politiques qui d’un côté interdisent des molécules et de l’autre valident des accords de libre-échange (le Ceta entre l’UE et le Canada ou l’accord UE-Mercosur par exemple) qui laisseront rentrer sur le territoire national des produits soumis à des règles plus souples, s’émeut la présidente de la FNSEA.

Monter en gamme grâce à la recherche

La réduction de l’usage des produits phyto est bien engagée. La recherche avance, et elle commence à porter ses fruits. La FNPF avait d’ailleurs invité Blandine Polturat, ingénieure au CTIFL et Simon Fellous, chargé de recherche à l’Inra, qui ont présenté à un auditoire attentif les avancées scientifiques en matière de lutte contre la fameuse mouche Drosophila suzukii. « La recherche coûte cher », a rappelé Simon Fellous, et le manque de moyens repousse l’aboutissement du travail. « Les technologies sont presque prêtes, et pourtant, ça bloque au niveau économique », a déploré le scientifique. Les agriculteurs sont prêts, la recherche également, il appartient désormais aux pouvoirs publics de prendre le train en marche.
 

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