Coup de théâtre jeudi dernier à Tulle, en Corrèze, où se déroulait le congrès annuel des producteurs de fruits : alors que le directeur adjoint de la DGPAAT (1), Hervé Durant, initiait son discours de clôture, une dizaine de producteurs sont montés à ses côtés sur l’estrade, exhibant des panneaux noirs qui portaient l’expression de leur amertume. Ainsi, on pouvait lire, çà et là, que les producteurs étaient "manipulés", "dévalorisés", "abandonnés", "déchus", "ruinés", "écrasés", "déjugés" et "humiliés". Surpris et solidaire du préfet de Corrèze qui, déjà, quittait la salle, Hervé Durant a refusé de poursuivre.
Il est vrai que, en tant que représentant de l’Etat, Hervé Durant n’avait pas vraiment d’autre choix que celui de condamner cette provocation. Mais en quittant la salle comme un enfant qui boude, le directeur adjoint de la DGPAAT a choisi de couper définitivement le dialogue entre une filière et son ministère de tutelle. C’est donc Luc Barbier qui a clôturé le congrès (une entorse au protocole qu’il souhaite reproduire tant que le ministre ne se déplacera pas en personne) : s’il a martelé qu’il croyait fermement en la capacité de la filière à travailler ensemble pour capter à nouveau la valeur ajoutée qui lui fait défaut, il s’est dit blessé en tant qu’homme et en tant que paysan. La raison de son écœurement ? « Le manque de considération dont fait preuve le ministre Le Foll à notre égard. C’est presque de l’humiliation. »
Reste à préparer l'avenir : vers l'indifférence ou la guerre des tranchées ?
(1) Direction générale des politiques agricole, agro-alimentaire et des territoires.
