Gilles Fayard : ​« Il faut apporter de la valeur ajoutée en début de chaîne »

Terralia, le pôle de compétitivité des filières végétales, agricoles et alimentaires du grand sud-est, vient de lancer son propre fonds d’investissement. Pourquoi cette initiative ?
Gilles Fayard : Avec ce fonds d’investissement thématique, on vient en quelque sorte boucher un trou dans la raquette : notre ambition est d’accompagner les start-ups et les jeunes entreprises innovantes, à hauteur de 100 000 à 300 000 euros. Ce sont des projets sur lesquels les banques ne vont pas car le risque est plus élevé en phase d’amorçage. Quant aux fonds d’investissements traditionnels, ils n’interviennent pas sur de petits tickets. On a donc eu l’idée de créer le « Terralia Venture Innovation » qui rassemble 8 actionnaires fondateurs, tous membres ou partenaires du pôle Terralia, cadres dirigeants, dirigeants d’entreprise et partenaire bancaire. Il faut voir le fonds comme un fonds « amical »  : l’idée pour les actionnaires n’est pas en premier lieu d’avoir un excellent retour sur investissement mais de soutenir l’entreprenariat par une action forte de mentoring. Les start-ups et jeunes entreprises sélectionnées bénéficieront ainsi, en plus du financement, des expertises, des réseaux et des conseils de ces mentors pour un primo développement réussi. Le fonds prévoit d’investir 2 à 3 millions d’euros dans les 2 ans à venir, c’est-à-dire soutenir 10 à 15 projets. L’idée pour les actionnaires est aussi de pouvoir ressortir du fonds à moyen terme.

Quels types de projets ont d’ores-et-déjà postulé au fonds ?
On reçoit beaucoup de candidatures relatives à des projets de développement d’applications web ou mobiles. Mais les innovations importantes aujourd’hui, et que nous souhaitons valoriser, sont celles du marché des « offreurs de solutions » : capteurs, drones, pilotage météo, phénotypage, biostimulants au sens large… Ces produits apportent de la valeur ajoutée en début de chaîne, ce qui est essentiel dans le cas spécifique des fruits et légumes. Il y a une vraie difficulté sur ces filières et il est important d’apporter des réelles innovations pour améliorer la performance et la marge des entreprises.  Nous ne devons pas aller chercher du volume et du prix, mais de la qualité et de la valeur ajoutée, afin de nous démarquer des systèmes de production des autres pays. Nous soutiendrons aussi de belles innovations produits sur le volet Food.

Constatez-vous un boom des start-ups ?
Oui, c’est indéniable, depuis deux ou trois ans, on constate un développement des start-up foodtech et frenchtech, soutenues par des aides nationales. Les  start-ups sont très importantes car elles apportent de la fraîcheur et du dynamisme, elles sont souvent très innovantes, et en totale rupture en termes de technologie et de produit. Mais si nous avons besoin d’elles, elles ont également besoin de nous : on les accompagne dans leur projet , on les rassure, on les aide à ouvrir des marchés. Nous comptons à ce jour 40 start-ups sur nos 270 adhérents.

Quel est l’intérêt pour ces 270 entreprises d’adhérer à Terralia ?
Nous leur apportons un accompagnement au montage des projets, une mise en relation avec les financeurs adéquats, des rendez-vous B to B, des études consommateurs, des missions internationales… Et au-delà de ça, il y a une vraie logique de réseau d’opérateurs qui sont très souvent complémentaires et qui parviennent, par la mise en commun d’expériences, à franchir des sauts technologiques et des caps importants : plus nous avons d’adhérents et plus l’écosystème est performant. C’est un cercle vertueux. Nous avons, par ailleurs, deux outils de mesure qui traduisent le dynamisme des entreprises du pôle : leur chiffre d’affaires moyen, qui affiche 9,5% de croissance en 2016, et la croissance moyenne de l’emploi, qui est de 6,2 % pour nos adhérents pour cette même année . Ce sont des belles performances : le pôle attire des entreprises dynamiques qui sont dans une démarche d’innovation, et les aide à accélérer leur développement. Certaines sont en observation et font du contact et du réseau, tandis que d’autres sollicitent directement les services du pôles et sont accompagnées dans leurs projets d’innovation et de recherche : nous sommes en mesure de détecter si plusieurs entreprises ont le même besoin, en identifiant les signaux faibles. L’idée est des différencier ce qui relève des démarches collaboratives de ce qui relève des démarches individuelles. Et si on détecte une problématique chez quatre ou cinq entreprises, on leur propose d’attaquer le sujet ensemble.

Qui finance ces projets de recherche ?
Dans le cas des dynamiques filière portées par les chambres d’Agriculture ou les interprofessions, le financement public est important. Mais ce n’est pas le cas sur des projets très spécifiques, dans le cadre d’un modèle qui réunit généralement deux entreprises et un laboratoire (centre technique, station de recherche, Inra, CTIFL, Itab),  ce sont bel et bien les entreprises qui financent leurs projets.

Faut-il aller, de fait, vers davantage de privatisation de la R&D, notamment pour ce qui concerne les stations d’expérimentation ?
Quel que soit leur modèle, il faut garantir la pérennité des stations d’expérimentation par un soutien financier public. Les élus doivent s’engager. Mais en parallèle, il faut également renforcer le financement privé de la R&D : c’est un accélérateur de compétitivité important. Au final, le transfert se fait toujours, mais il faut que ceux qui prennent des risques et investissent de l’argent bénéficient de la primauté de l’innovation.

Vous venez de changer de président.
Oui ! Notre nouveau président a été élu le 27 juin. Il s’agit de Yves Faure, dirigeant de l’entreprise Agronovae, PME spécialisée dans la transformation des fruits et la production d'ingrédients à base de fruits, pour les industries agroalimentaires notamment. Nous mettons un point d’honneur à disposer d’un conseil d’administration et d’un bureau larges, afin que toutes les composantes soient représentées.
 

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