Des alternatives pas si évidentes !

La désinfection vapeur réalisée avec l’automate nécessite de 40 à 50 heures/ha (contre 3 heures/ha pour une désinfection au métam-sodium). Photo : DR
Après la disparition du métam-sodium et du 1.3 dichloropropène, les techniques de désinfection du sol se fondent principalement sur des méthodes physiques. La désinfection par la vapeur, l’une des alternatives, reste onéreuse et complexe à mettre en œuvre dans certaines productions maraîchères.
 
En novembre 2018, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a décidé d'interdire définitivement tous les produits phytosanitaires à base de métam-sodium, estimant qu’ils représentent « des risques inacceptables pour la santé humaine et environnementale ». En parallèle, la France, contrairement à d’autres pays européens, n’a pas délivré de dérogation pour l’application d’un autre biocide – le 1.3 dichloropropène – contre le nématode sur carotte et pomme de terre.

Solarisation et soil resetting

En production maraîchère, où la culture successive de plantes sensibles aux mêmes pathogènes ou nématodes aboutit souvent à des sols fortement contaminés, les techniques de désinfection du sol se fondent désormais sur les seules méthodes physiques et agronomiques.
Parmi les solutions existantes, la solarisation consiste à élever la température du sol à des valeurs égales à 55°C pendant une durée de six à huit semaines. L’énergie du soleil est transmise à l’eau du sol au travers d’une bâche plastique et assure alors un échauffement du sol favorable à la désinfection. « Cette technique, qui requiert une période d’ensoleillement importante et des températures élevées, est réservée aux régions du sud de la France et aux cultures sous abri en région nantaise. Elle ne peut fonctionner en serre ou en plein champ dans la région de la Manche, indique Cyril Pogu, producteur de légumes en Loire-Atlantique et référent technique professionnel au Comité départemental de développement maraîcher. Assez peu coûteuse dans sa mise en œuvre (1 500 €/ha), la solarisation a pour inconvénient d’immobiliser une serre pendant près de trois mois (délai de remise après désinfection en culture compris). »
Autre procédé : le soil resetting, ou technique de désinfection par anaérobie du sol. Venue des Pays-Bas, elle consiste à incorporer au sol un mélange organique, lequel, une fois le sol recouvert d’un film imperméable, consomme l’oxygène du sol en se décomposant. « Le procédé reste très peu utilisé pour des raisons de coût (de l’ordre de 10 000 €/ha) et de la minéralisation de la matière organique en azote, incompatibles avec les cultures et les directives nitrates imposées. »

Le coût exorbitant de la désinfection vapeur

Pratiquée depuis longtemps en France et autorisée par le cahier des charges européen de l’agriculture biologique, la désinfection des sols par la vapeur a pour principe l’injection dans le sol de vapeur d’eau à 180°C, qui va élever la température du sol de façon homogène jusqu’à 85-90°C.
Le procédé de désinfection par la vapeur permet un désherbage et une désinfection simultanée et ne requiert que peu d’exigences de température et d’humidité du sol. Il présente une bonne efficacité de désinfection des sols peu profonds (10 à 12cm) et contre les adventices, et n’introduit aucun facteur nocif persistant dans le sol. De plus, les délais de remise après désinfection en culture sont rapides. En revanche, cette technique présente un certain nombre de contraintes et d’inconvénients. La méthode est non-sélective : selon les températures atteintes, la vapeur détruit également la faune et la flore utile du sol. Le procédé entraîne une modification du PH et du processus de nitrification susceptible d’entraîner des phytotoxicités. « En outre, ce procédé exclut certaines cultures (déjà privées de métam sodium) comme la fraise de terroir qui est cultivée sur buttes. Et il n’est pas toujours efficace : en carotte, la vapeur d’eau n’a aucune action sur le nématode Heterodera, très difficile à détruire, souligne Cyril Pogu. La désinfection vapeur est surtout une méthode coûteuse dans sa mise en œuvre. « Lorsqu’elle est réalisée avec l’automate, elle nécessite de 40 à 50 heures/ha contre 3 heures/ha pour une désinfection au métam-sodium. Avec une consommation de carburant (nécessaire au fonctionnement de la chaudière) de l’ordre de 85 l/heure, le coût indicatif de la désinfection vapeur s’élève à 4 500 €/ha (hors coût du matériel et de son amortissement), contre 1 600 €/ha pour l’application de métam-sodium. Ce qui représente un surcoût de 40 centimes/kg de mâche. »

Pour en savoir plus, lire l'intégralité de l'article publié dans Culture Légumière n° 169 de janvier-février 2019, p. 14 à 16. Cliquer ici pour s'abonner.

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