Le programme-cadre de recherche européenne Horizon 2020 prend une nouvelle orientation davantage basée sur des approches de challenges avec des descriptions de problèmes. Elle ne va pas faciliter l’accès aux financements, même si la commission de Bruxelles revendique des projets PEI inspirés par la base (European Innovation partnerships with bottom-up approach). Les PEI Agri doivent transformer les travaux de recherche en innovations concrètes par un mode interactif. Raison de plus pour travailler en réseau. Des initiatives récentes y contribuent dans l’Hexagone et via les lobbies européens Freshfel et Areflh.
Le poids du lobbying
La conférence du 22 janvier 2014 à Bruxelles à l’initiative de Freshfel et de l’Areflh a permis aux acteurs français de faire du benchmark sur l’organisation de l’expérimentation dans différentes régions d’Europe invitées à la tribune. Elle a rassemblé plus de 100 représentants des centres de recherche et expérimentations, des régions productrices et des acteurs de filière.
La rencontre s’est conclue par la mise en place d’une plateforme de travail (task force) pour coordonner la participation du secteur européen des fruits et légumes aux projets européens de recherche et d’innovation. Au-delà, elle pourra devenir force de propositions sur des thématiques remontées par le groupe de référents, qui devrait être constitué en préambule de l’AG 2014 de l’Areflh. La plateforme rassemble l’Areflh, Eufrin et Freshfel. Regrettons l’absence d’un collectif européen de la recherche en légumes à l’image d’Eufrin pour l’arboriculture.
Rappelons que les PEI avaient un précurseur dans le 7è programme cadre-européen de la recherche via les actions PPP (public private partnerships). Sur ce terrain l’Irstea a déjà acquis de l’expertise. Notons aussi les LabCom de l’Inra, des laboratoires communs organismes de recherche –PME/ETI.
Courtiers en innovation
Autre néologisme récurrent de la conférence de Bruxelles, celui de courtier en innovation, un rôle dévolu aux stations d'expérimentation. Elles sont le bras armé des filières pour répondre aux besoins du terrain et certaines délocalisent des essais chez des maraichers et arboriculteurs.
« Un réseau France nous aiderait à nous inscrire dans la nouvelle dynamique européenne. Nous devons croiser davantage l’information entre nous, quelle que soit la taille de la station, et au-delà des échanges établis par espèce comme pour le melon", témoignent des participants français de la conférence de Bruxelles.
Jean-Louis Moulon, président d’IDfel Val de Loire et de la commission Recherche et innovation de l’Areflh aux côtés de Pauline Panegos, chef de projet Recherche et innovation de l’Areflh . Photo LKP
Il y a urgence au vu du désengagement annoncé par FranceAgriMer et le Ministère de l’Agriculture lors du récent comité stratégique de l’expérimentation.
Une association des stations d’expérimentation fruits et légumes est en gestation, un projet porté par Planète Légumes. Si l’objectif paraît évident – constituer un point de chute pour le lobbying auprès des financeurs et, à minima, faire le lien entre les stations - la question des moyens (animation, cotisation) fait débat. A quelle structure nationale s’adosser ? Le CTIF, la GefeL, Interfel, aucune ne fait l’unanimité, en raison de leur mission propre d’une nature différente de celle du nouveau réseau.
Des tailles, statuts, sources de financement (FAM, régions, professionnels) et modes de fonctionnement diversifiés compliquent la réflexion. Une réunion de travail des stations partantes pour se fédérer est prévue durant le salon de l’agriculture 2014.
L’avenir appartient aux courtiers en innovation.
Linda Kaluzny-Pinon
