Ce matin, Bruno Le Maire a annoncé son plan : 25 millions d'euros débloqués pour la filière, dont 15 déclinés en mesures conjoncturelles et 10 en mesures structurelles. Si Bruno Dupont salue la volonté manifeste du Ministre de répondre à une forte attente du terrain en termes de régulation européenne, il regrette que le montant des aides directes soit si faible.
A l’annonce du plan de Bruno Le Maire, qui propose de débloquer 25 millions d’euros pour venir en aide aux producteurs de fruits et légumes (au lieu des 30 millions un temps espérés par la profession), Bruno Dupont oppose un constat en demi-teinte. « Les professionnels risquent d’être déçus : 15 millions d’euros d’aides directes, à partager entre les producteurs de tomates, concombres, pêches et nectarines, qui plus est avec les minimis qui bloquent, ça ne fait pas lourd dans la balance », explique le président des producteurs de fruits, aujourd’hui familier de cette boîte à outils qu’on ressort souvent en temps de crise, et qui se limite à des allègements de charges sociales et financières.
Le Maire veut restructurer l’offre
10millions d'euros concernent donc des mesures structurelles, avec notamment un soutien aux agriculteurs les plus en difficulté via le dispositif Agridif. « On était vraiment en attente sur la partie structurelle », confie Bruno Dupont, qui se félicite que le Ministre envisage un doublement de l’enveloppe rénovation du vergerde pêches et nectarines, et un doublement du taux d’aide. « C’est important, pour rester compétitifs », argumente le président. Bruno Le Maire prévoit également la mise en place d’aides substantielles à destination des bureaux commerciaux, pour les inciter à se regrouper davantage. « Le Ministre a posé la question d’une certaine restructuration vis-à-vis de l’offre. Finalement, on est en droit de se demander si une OP de 5 producteurs au chiffre d’affaire inférieur au million d’euros est réellement une OP digne de ce nom ? », questionne Bruno Dupont.
A quand une Europe réactive ?
Bonne nouvelle, Le Maire accepte de peser au niveau européen pour adapter le dispositif de retrait aux périodes de crise. Toute la question est de savoir à qui servira réellement le retrait. « Je doute que nous puissions obtenir un retrait à 1, 20 €/kg en France !», complète Emmanuel Demange, directeur de la FNPF. Le Ministre promet également la mise en place d’une meilleure communication à l’échelle européenne en cas de mévente. « Ce qu’on veut, nous, c’est de la réactivité ! L’Europe est lente. Et les fruits d’été sont des spéculations qui se commercialisent sur trois mois », rappelle Bruno Dupont. La mise en place d’un observatoire européen est également en cours de réflexion, « ce qui pourrait nous aider à limiter au maximum les distorsions de concurrence, notamment en ce qui concerne le respect des réglementations relatives à l’usage des produits phytosanitaires ».
Abaissement des charges pour les permanents
Là où le Ministre tape juste, c’est quand il promet un abaissement de charges sociales de un euro pour les employés permanents. Une mesure applicable dès janvier 2012, non rétroactive. « C’est dommage, car la campagne pour les fruits à pépins, qui commence tout juste, aurait pu en bénéficier. Mais c’est une très bonne initiative ! L’abaissement des charges sociales pour les permanents coûte à l’Etat 500 millions d’euros. Il faudra encore trouver 300 M€ supplémentaires pour les permanents et maintenir les exonérations sur les travailleurs saisonniers… . Vue la situation économique, le calcul est épineux et l’effort peu anodin… Reconnaissons que le Ministre a su tenir ses engagements à ce niveau ! »
2013 et la réforme de la Pac approchant, les producteurs de fruits et légumes sont plus que décidés à faire entendre leur voix… histoire de ne pas être oubliés.
Fleur Masson
Photo : Bruno Dupont. Crédits : Laurent Theeten / Pixel Image
